A l'inverse de ce qui devait se produire, le flou qui entoure l'échéance de 2019 peine à se dissiper. Il semble même s'intensifier depuis un moment et occupe, de ce fait, le discours central de bien des partis et personnalités politiques dans le pays. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Cette absence de visibilité, ce manque total d'éléments autour d'un événement aussi important que représente l'organisation de la présidentielle font que l'on enregistre aussi de plus en plus souvent des déclarations marquant le doute, parfois davantage, sur la possibilité d'une telle élection dans ces conditions. Beaucoup font également état de «dangers d'instabilité» pouvant découler de la persistance d'une situation de confusion. Très prolixe sur la question, le président du MSP (Mouvement de la société pour la paix) s'est de nouveau exprimé sur le sujet en se laissant aller à certaines affirmations cette fois. «Il ne semble pas qu'un cinquième mandat ait lieu», dit-il, en présentant un argumentaire basé essentiellement sur l'opacité entourant l'option, mais aussi sur l'absence de cohésion au sein des «forces proches du pouvoir qui n'arrivent pas à s'entendre sur un candidat du consensus». Pour toutes ces raisons, il appelle au «report de la présidentielle». A quelques heures d'intervalle du message lancé sur sa page Facebook, il lance un nouvel appel à travers lequel il invite toute la classe politique à soutenir cette idée de report. «Ne jouez pas avec l'avenir de l'Algérie, dialoguons pour parvenir à un consensus et cela nécessite davantage de temps que ces élections soient reportées pour une durée sur laquelle nous nous entendrons.» Les propos de Abderrezak Makri ne souffrent aucune ambiguïté. La perspective d'une nouvelle candidature de Abdelaziz Bouteflika est des plus improbables, voire très difficile à concevoir. Et il n'est pas le seul à s'avancer sur ce terrain. Au cours de la semaine écoulée, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) a organisé une conférence de presse au cours de laquelle elle livrait un «avis personnel» sur la question : «Tout le monde se pose la question de savoir si le Président sera candidat. A mon avis non, il n'y a aucune chance pour qu'il le soit.» Louisa Hanoune évoque le flou actuel mais aussi «l'absence de consensus dans les cercles décisionnels» en se basant sur les déclarations des partis de la coalition présidentielle. Fin politicien, le leader du MPA, pourtant membre de cette coalition, ne s'est, en effet, toujours pas prononcé sur l'échéance à venir. Depuis des mois, il s'est tenu à l'écart de tous les discours des partis de la majorité avec lesquels il est censé partager les axes fondamentaux. Alors que ces derniers se trouvent engagés dans l'option du cinquième mandat, Amara Benyounès reste, lui, persuadé que le moment n'est toujours pas indiqué pour évoquer une telle option. Aux journalistes qui n'ont jamais manqué de le relancer sur le sujet lors d'activités liées à son parti, il a toujours maintenu sa position affirmant de plus que «personne ne pouvait forcer la main au président de la République». Ces propos ont été interprétés comme étant le reflet des doutes habitant cet homme politique qui n'avait pas manqué d'exprimer son soutien très tôt au Président Bouteflika en 2014. A travers le pays, le débat semble s'écarter doucement mais sûrement de la présidentielle en tant que telle et se recentre visiblement sur les difficultés que semblent avoir les principaux concernés à trancher définitivement la question. Une question qui ne semble pas, cette fois, liée à cette tradition qui fait que Bouteflika n'annonce toujours que tardivement ses candidatures, mais bien plus à la situation politique en cours dans le pays. Les derniers événements ayant secoué le FLN, organe fondamental sur lequel se base le pouvoir pour l'organisation de toute élection, constituent des éléments difficiles à écarter de l'enjeu présidentiel. Un enjeu qui suscite peu d'engouement chez les candidats habituels, et qui ne donne lieu à aucun préparatif spécial hormis celui de la révision des listes électorales. Pas de débats donc autour des projets à présenter, pas de campagne de sensibilisation pour convaincre les Algériens de voter... Les doutes et interrogations ont pris le dessus. A. C.