Kojak ! Voilà le surnom le plus répandu qu'on donne aux personnes atteintes de calvitie. Entre solutions-miracles et adaptation, ceux qui en souffrent font en sorte de se sentir le mieux possible dans leur peau. Regard des autres, mode, chirurgie esthétique…, autant de questions abordées dans cette enquête-témoignage. Ghania, 63 ans : «Tout pour ne pas ressembler à ma tante» Nous avons au sein de notre famille, notamment du côté paternel, une calvitie héréditaire. J'ai vu ma tante pendant de longues années avec un crâne d'œuf qu'elle cachait avec un foulard. Cela a toujours été ma hantise. Et depuis maintenant près de dix ans, je souffre d'une chute de cheveux accélérée et je tente toutes les solutions-miracles pour stopper cette hémorragie. Les personnes qui n'en souffrent pas ne peuvent pas comprendre pourquoi une femme de mon âge s'en préoccupe. Tout simplement parce que cela fait partie de mon identité de femme, de ma personnalité. Alors, les remèdes que j'ai utilisés sont très divers : une lotion avec de l'ail, les shampoings, des vitamines et autres potions. Ceci sans oublier les coupes de cheveux pour combler les parties dégarnies. Et c'est vrai que c'est un sujet préoccupant pour moi, même si, pour l'instant, cela ne se voit pas. Je suis en train maintenant d'envisager la greffe de cheveux. J'y réfléchis de temps en temps ! Amine, 34 ans : «je ne lutte plus, je m'adapte» Ma calvitie se voit, je n'ai pas besoin de la cacher. C'est encore pire lorsqu'on est blond comme moi. Cela brille. Quand je laisse mes cheveux sans les raser, cela ressemble à une petite touffe éparpillée et ça n'a vraiment pas de sens. C'est vrai que lorsque les gens veulent être méchants avec moi, ils m'appellent «el fartass». Au début, je le prenais vraiment mal et cela m'a énormément complexé au point où je restais enfermé chez moi des journées entières. Vous imaginez votre adolescence à faire face à ce genre de remarques ! Bon, heureusement que je suis un fan de football et que Barthez a fait en sorte que cela devienne une mode et j'ai pu, de cette façon, me fondre dans la masse. Aujourd'hui, j'assume pleinement ma calvitie et je ne cherche plus à la cacher. Je n'ai pas vraiment cherché à comprendre les causes de la calvitie. Quand cela a débuté, j'ai pensé au gel, que cela aurait pu être une cause. Et puis, j'ai choyé quelques cheveux et cela a commencé à tomber tout d'un coup. Donc, maintenant, je pars régulièrement chez le coiffeur pour ma coupe standard, la boule à zéro ! C'est vrai que cela brille mais c'est ma tête et j'en suis fier. Pas besoin de cheveux pour prouver ma virilité ! C'est vrai que mon abonnement à la salle de sport pour me muscler m'aide énormément ! Imen, 30 ans : «Mes cheveux, mon obsession» C'est un sujet qui me parle car perdre ses cheveux peut être une véritable souffrance pour un homme, mais peut-être encore plus pour une femme. J'ai commencé, personnellement, à perdre mes cheveux avant mes 20 ans, je sais que c'est un passage vraiment difficile. Tout m'était impossible, car je ne pensais plus qu'à mes cheveux. C'était devenu une véritable obsession. Je pensais que je n'aurais pas d'avenir sans mes cheveux. Ma famille, mes amis, mes études, tout cela passait au second plan. A telle enseigne que je dépensais sans compter dans différents remèdes. Alors, il y a les traitements médicaux. J'ai eu des effets secondaires et la peur de mettre des produits chimiques sur mon crâne toute ma vie a fait que je me suis tournée vers des produits 100% naturels. J'ai passé du temps avec des spécialistes et les recettes de grand-mère ont plus ou moins réussi et, en plus, sans effets secondaires. Pendant deux ans et demi, j'ai pu traiter mon cuir chevelu et faire arrêter la perte de cheveux. Mais, en parallèle, toute ma vie a été repensée. Au sens où j'ai appris que le stress et la mauvaise alimentation provoquaient la chute, alors, j'ai complètement revu la manière de me nourrir et j'ai commencé à faire du sport. Je ne suis pas une grande sportive, loin de là, mais je me force à courir chaque semaine une heure et à marcher tous les jours. Les fruits et légumes sont les rois de mon assiette avec d'autres compléments alimentaires. Djalil, 30 ans : «Un manque de confiance en soi !» Pour moi, la calvitie a provoqué un manque de confiance en moi atroce. Et c'est certainement la conséquence la plus terrible à vivre. C'est déjà difficile d'accepter le changement de son corps à l'adolescence. Et quand, vers 20 ans, j'ai commencé à souffrir de calvitie au moment où on veut paraître et séduire, croyez-moi, c'était pour moi la fin du monde. Bref, il m'était impossible d'aborder une fille qui me plaisait… j'avais peur du regard des autres, surtout dans une société où le paraître est presque plus important que la personne que nous sommes vraiment. Je n'osais plus prendre la parole, j'essayais de rester le plus possible à l'écart lorsque j'étais en cours, etc. Je me mettais à refuser les sorties entre amis et ce manque de confiance en moi à cause de ma chute de cheveux faisait qu'au final, je commençais à m'éloigner de mes amis. C'est à ce moment-là que ma mère a pensé à la greffe de cheveux. Avec mon père, toutes leurs économies ont été englouties pour cette opération. C'est vrai que c'est cher mais cela a donné des résultats. Dix ans après, je me dis que si c'était à refaire, je le referais sans état d'âme.