Jamais une convocation du corps électoral n'a autant… fait l'événement. Pour que ce qui n'était jusque-là qu'une formalité protocolaire devienne objet de suspense politique, suscite appréhensions et interrogations, il fallait bien que la situation soit inédite et les choses pas si évidentes. On savait Abdelaziz Bouteflika malade et le débat sur ses capacités physiques à diriger le pays a pris trop de temps - bientôt deux mandats - pour qu'on ne le retrouve pas à l'orée de cette nouvelle échéance. Il y a certes ceux pour qui tout est question de «limites» dans la durée de son règne. La thèse est d'autant plus accommodante que cela leur permettait d'enchaîner dans la posture la plus confortable : c'est parfait pour les autres mandats où le Président n'a pas vraiment fait preuve de présence physique sur la scène du pouvoir mais un cinquième mandat serait de trop ! Dans la foulée, il est quasiment inutile de disserter sur la deuxième catégorie. Ils sont dans les «partis de la majorité», dans leurs démembrements partisans ou «associatifs, dans les éclatements périphériques de leurs clientèles syndicales ou patronales, partout où on a l'habitude de les trouver et parfois là où on les attend le moins. Pour ceux-là, tout est clair et les choses sont ainsi parce qu'elles ne peuvent pas être autrement : Abdelaziz Bouteflika est Président, il est en bonne santé, il s'occupe de tout et il n'y a aucune raison qu'il ne brigue pas un cinquième mandat. Comme il y a de la «concurrence» même à ce niveau, on y est allé de bon cœur. En l'occurrence, Ould-Abbès, Sidi Saïd, Benyounès et d'autres ont déployé un trésor d'efforts pour nous offrir la plus belle perle. Et quand il a été suggéré que les choses ne seraient pas aussi simples, d'aucuns ont pris les devants. S'en est suivie une inflation d'«initiatives» et de propos sibyllins qu'on n'attendait pas forcément dans la bouche de ceux qui les ont formulées. Jusque dans les conclaves feutrés de l'Alliance présidentielle, il est arrivé qu'on décèle autre chose que ce qui devait naturellement en constituer l'ordre du jour. Et ça préfigurait déjà la vanité d'une option alternative au rendez-vous constitutionnel qui motivait et la «conférence nationale» de Ghoul et «le candidat consensuel» de Makri, du coup tombés dans la désuétude de la velléité personnelle, qu'on n'a pas l'habitude de prendre en ligne de compte. Maintenant que tout se confirme dans la convocation du corps électoral, reste l'autre équation que beaucoup confinent à l'évidence. Ce n'est pas la candidature d'un général à la retraite qui va l'éloigner même si elle ne la rapproche pas forcément. Dans la décision de M. Ghediri d'entrer en compétition, on peut trouver à la fois la chose et son contraire : la candidature de Bouteflika ou non. Désormais, c'est la seule question qui fera l'actualité des prochains jours. S. L.