Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) n'a pas encore tranché sur sa participation à l'élection présidentielle du 18 avril prochain. Selon son président, Abderrazak Makri, cette décision revient au madjlis choura (conseil consultatif) de son parti et lui-même sera la première personne à s'y conformer. Pourtant, il n'a pas manqué de qualifier la tenue de cette élection de «danger pour l'Algérie». Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Pour Abderrazak Makri, aller à l'élection présidentielle dans des délais consensuels est un danger. «Nous sommes inscrits dans le danger parce que nous sommes dans le flou total. Nous ignorons si le Président actuel sera candidat ou pas et s'il y a d'autres projets que certains veulent imposer à la classe politique, mais surtout jusqu'à présent, aucune discussion sur les garanties pour une élection transparente n'a eu lieu», a-t-il expliqué, hier, au forum du quotidien Liberté, tenu à l'hôtel Sofitel à Alger. Selon lui, le plus grand danger pour l'Algérie c'est justement l'absence d'un consensus après l'élection de 2019. «Ainsi, nous foncerons directement vers un très grave danger pour notre pays parce que quel que soit celui qui gouvernera, il ne pourra jamais contenir les problèmes du pays. Nous sommes tous conscients que vers 2021, il n'y aura plus de réserves de change et nous allons directement vers l'endettement sur des conditions qui pourraient porter atteinte à la souveraineté de l'Algérie», ajoute-t-il. Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) affirme que son parti se veut un «acteur» dans cette situation pour proposer des idées et contribuer à trouver des solutions. Pour lui, il est question également de barrer la route aux «prédateurs» de l'Algérie qui s'accaparent le pouvoir pour leurs intérêts personnels. Il estime que la prochaine élection constitue justement une opportunité pour se rapprocher du citoyen algérien afin de lui expliquer ce danger. Seulement, la participation du MSP au vote du 18 avril reste tributaire de la décision de son Conseil consultatif. «C'est au Madjlis choura de décider pour la participation du parti à l'élection présidentielle et je suis la première personne appelée à se soumettre à sa décision», dit-il. Il souligne, toutefois, que chaque participation de son parti à une élection vise à «fortifier» l'assise du parti et à «élargir» sa présence à travers les différentes régions du pays. Insistant sur le «danger» que représente ce rendez-vous électoral, l'intervenant assure que la participation de sa formation politique intervient par contre, pour «minimiser» les dégâts. «Notre projet est la conciliation, le consensus et la transition démocratique. Si nous prenons part à cette élection c'est pour unir et non pas pour effriter la scène politique. Nous sommes là pour concilier et pour aider au consensus. Nous serons une voie de conciliation dans cette élection», dit-il encore. A une question sur la manière dont il faut faire face au pouvoir en place, Abderrazak Makri souligne une certaine «phobie» et une «anesthésie mentale» qui sévissent chez les Algériens. «L'Algérie a connu une expérience sanglante durant des années. Aujourd'hui, nous voulons arriver à une transition démocratique négociée car la rue engendre beaucoup de dérapages», explique-t-il. Ces explications sont pour lui loin de «dédouaner» le pouvoir en place. «Nous-mêmes, nous militons pour que les marches soient autorisées. D'ailleurs, l'interdiction des marches est parmi les échecs de Abdelaziz Bouteflika», dit-il. Le président du MSP réitère à la fin la démarche de son parti qui œuvre pour une transition démocratique selon une vision économique et pour la réforme des institutions en place afin de lutter contre la corruption. Ry. N.