Le g�n�ral Bigeard vient de d�c�der � l��ge de 94 ans. Si du c�t� fran�ais l�heure est aux hommages � un �grand serviteur et combattant de la France�, du c�t� alg�rien, y compris pour ceux qui n�avaient que quelques ann�es pendant la guerre de Lib�ration nationale, ce nom est fortement associ� aux peurs et aux terreurs que ses paras d�clenchaient ; aux massacres et autres �bienfaits� du m�me acabit ; � la guerre qu�il engagea contre les combattants du FLN, notamment dans la Bataille d�Alger, � la torture enfin qu�il qualifiait de �mal n�cessaire�. De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed Les hauts faits d�armes du g�n�ral Bigeard, c�est d�abord lui qui en parle et dans un ton et des formules qui ont toujours tent� de justifier l�injustifiable et l�innommable, m�me si cet innommable est �l�exercice de la torture� dont l�a accus� Ighilahriz et qu�il nia jusqu�� sa mort, l�imputant au seul Aussaresses. Bigeard a d�abord s�vi au Vietnam, o� il prit part, avec un bataillon de parachutistes coloniaux, � la bataille de Di�n Bi�n Phu jusqu�en mai 1954, date � laquelle il fut fait prisonnier. Sa revanche sur l�enfer indochinois, il pense la prendre avec la guerre d�Alg�rie o� il va commander le 3e r�giment de parachutistes coloniaux et penser laminer et �craser � pacifier, s�curiser, disaient-ils � l�Alg�rie, leur �d�partement�. S�il a r�ussi � coffrer la majorit� des responsables du FLN dans la bataille d�Alger, il n�a pas arr�t� le cours de la r�volution alg�rienne, objectif ultime et unique de Bigeard et du pouvoir colonial. Il a m�me �t� l�objet d�attentat dont il sortit, dit-il, gr�ce �� la baraka�. A Louizette Ighilahriz, qui l�accusait nomm�ment d�avoir pris part aux tortures que la militante avait subies en prison pendant trois mois (voir article du Monde du 20 juin 2000), Bigeard r�torquait qu�il n��tait pas, � cette p�riode, � Alger et qu�il ne pouvait donc avoir �t� son tortionnaire. Et comme pour convaincre, le g�n�ral Bigeard ajoutait, et en toutes occasions, qu�il avait toujours eu de l�estime pour Larbi Ben M�hidi. �On �tait m�me devenus copains, m�me s�il repr�sentait le camp adverse. � Ben M�hidi, �ce copain de Bigeard�, a eu, comme tout le monde sait, le sort qu�ont connu beaucoup des chefs de la bataille d�Alger, l�ex�cution pure et simple. Sans vouloir accabler un mort, ce �grand militaire� qui a s�vi jusqu�au bout et toujours ni�, se pr�valant de �sa mission militaire, une guerre subversive que les soldats fran�ais ont �t� contraints de mener pour sauvegarder la population fran�aise et alg�rienne�, lorsqu�il a eu � quitter la sc�ne militaire et politique (secr�taire d�Etat 1975- 1976 � la d�fense sous Giscard et d�put� de droite entre 1978 et 1988), ses �crits t�moignent, s�il le fallait, du respect que ce �grand homme� vouait � ceux qui n�ont fait que lutter pour se lib�rer de l�emprise coloniale. A propos de repentance, dans son ouvrage intitul� Adieu ma France, il �crit : �La France est la ris�e du monde entier� mais pourquoi aller se coucher comme �a, alors que tout le monde sait qu�il s�agissait d�une autre �poque ? Pourquoi �prouver le besoin de se repentir, quand les autres�� Et � propos de la torture qu�il nie avoir pratiqu�e, il tonnera, en toute occasion, que �c�est un mal n�cessaire�.