Les questions ont commencé dans la foulée de sa première sortie publique par le biais d'une intervention médiatique. Le général-major Ali Ghediri aurait continué à couler une retraite paisible, personne ou presque n'aurait entendu parler de lui. Mais il avait «parlé», qui plus est dans un contexte qui ne se prête pas vraiment aux irruptions d'humeur. Il devait donc s'attendre à ce qu'on ne lui laisse pas le temps de souffler et a posteriori, on peut comprendre qu'il le souhaitait, sinon le jeu n'aurait pas valu la chandelle. De la floraison de réactions qui ont immédiatement suivi, on peut en retenir deux types : il y a eu ceux qui pensaient tenir dans cette sortie la «confirmation» d'une guéguerre au sommet dont l'officier supérieur à la retraite porterait la parole d'un groupe de belligérants. C'est donc naturellement qu'ils ont vu dans la «réplique» du chef d'état-major de l'ANP la consécration de leur thèse. Il n'y a rien d'évident dans l'histoire mais on ne peut pas empêcher les gens de se donner raison. L'évidence, dans la forme du moins, s'est pourtant confirmée chez ceux pour qui la prise de parole du général-major Ali Ghediri ne faisait que préfigurer une ambition personnelle, pourtant difficile à déceler dans la quintessence de son premier propos. L'annonce officielle de sa candidature est venue mettre fin aux spéculations sans clore le débat. Commencent alors les questionnements d'une autre teneur. Si on a rapidement compris que l'officier supérieur ne porte pas le régime dans son cœur, on doit aussi savoir qu'il n'est pas naïf au point de croire en ses chances dans une confrontation directe avec Abdelaziz Bouteflika, les choses, dans le cas de figure, ne pouvant pas être autres que ce qu'elles ont toujours été. Alors, la question est osée mais elle se pose quand même : et si un général-major étant forcément dans le secret des dieux, le Président en exercice avait renoncé au cinquième mandat ? L'un dans l'autre, est venue s'y greffer une autre hypothèse. Elle a du farfelu mais on l'a quand même entendue : elle soutient qu'Ali Ghediri pourrait être le candidat du système, une sorte d'alternative masquée à Bouteflika ! Elle aura du mal à résister à une lecture attentionnée de sa déclaration de candidature. Le projet qu'elle annonce peut ne pas avoir été formulé avec précision mais il est difficile de le faire assumer à un système qu'on ne peut pas «soupçonner» de consentir à se faire hara-kiri. Le soutien de Mokrane Aït Larbi, formulé sous la forme d'une implication active, mettra du volume dans l'ambition d'Ali Ghediri. Aux yeux de beaucoup, le parcours politique de l'avocat, sa hauteur intellectuelle et son tempérament d'homme ne pouvaient pas le laisser aller dans une aventure folklorique qui pourrait entamer son crédit. Une «candidature folklorique», c'est pourtant ce que défendent d'autres, pour qui tout est cousu de fil blanc… comme d'habitude. Ils ne manquent certes pas d'arguments mais l'avantage avec cette fois-ci, c'est qu'on doit attendre encore pour être fixés. S. L.