L'opacité sciemment maintenue autour de la présidentielle a plongé l'opposition dans l'attentisme. Aujourd'hui que la machine électorale est actionnée, les partis de l'opposition se retrouvent dos au mur. En rangs dispersés, ils abordent le rendez-vous électoral sans stratégie commune. Abdallah Djaballah avance l'idée du candidat unique de l'opposition. Un pari loin d'être gagné. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Subissant un calendrier électoral que d'aucuns espéraient non respecté, l'opposition n'a eu d'autre alternative que de se positionner dans l'urgence. A près de deux mois de l'élection présidentielle, les options qui s'offrent à elle ne semblent pas très nombreuses. Entre participationnistes invétérés et ceux qui ne jurent que par le boycott, une troisième voie serait-elle possible ? Oui, semble penser le président de El Adala. Abdallah Djaballah, dont le parti a décidé de ne pas prendre part aux élections, n'entend pas non plus endosser le rôle de simple spectateur. Il se saisit de son bâton de pèlerin pour s'en aller convaincre les partis politiques de la nécessité du consensus autour du candidat unique. Djaballah dit croire en son projet et compte rencontrer les leaders des partis de l'opposition pour les rallier à son idée. Il a entamé une série de consultations en rencontrant dans un premier temps Ali Ghediri. Le président de El Adala en est sorti plutôt confiant, affirmant que le candidat Ghediri s'était montré «ouvert» à ladite proposition mais que d'autres rencontres étaient nécessaires afin d'approfondir les discussions. Ouvert, jusqu'au point d'être en mesure de renoncer à sa candidature pour approuver l'homme du consensus ou tout juste favorable à l'idée de l'incarner ? Ni Djaballah, ni Ghediri ne le disent pour le moment. Figurent également sur sa liste de personnalités à convaincre Benflis et Makri. Pour le président de Talaie El Hourryet, ni la convocation du corps électoral, ni le tapage médiatique autour de la candidature du Président en exercice n'ont permis la décantation espérée. Préférant temporiser, Benflis explique sa position par l'opacité qui continue de régner. La solution selon l'ancien chef de gouvernement ? « Un dialogue politique inclusif pour une sortie de crise» et «le rassemblement des Algériens, de la classe politique et des forces vives autour d'un projet fédérateur de construction graduelle d'un Etat de droit et d'un régime démocratique». Faut-il y voir une ouverture en faveur de la proposition de Djaballah ? Rien n'est moins sûr ! Même attentisme du côté du Parti des travailleurs. Le facteur de clarification espéré par sa présidente tarde à se manifester. La candidature de Louisa Hanoune n'est pas encore annoncée. La candidature unique est néanmoins rejetée en bloc par le Parti des travailleurs. Le député Taâzibt est formel : cette démarche est contraire aux principes démocratiques et au pluralisme politique, dit-il, ajoutant que la proposition d'un seul candidat de l'opposition remet en cause le multipartisme et pourrait être plus dangereuses que le pouvoir en place ou son candidat. Ceci a le mérite d'être clair. Du côté du MSP, le chemin semble également tracé : la candidature de son président est bel et bien lancée. Makri est carrément en pré-campagne. A peine sa candidature validée par les instances de son parti que ses partisans se sont lancés dans la campagne de collecte des signatures. Sera-t-il prêt à renoncer à ses ambitions pour épouser l'initiative de Djaballah ? La question ne se pose néanmoins même pas au niveau du RCD. Le parti tourne le dos à l'élection présidentielle. Pas question de prendre part à une «opération viciée» ou à une désignation d'un Président. Mohcine Bellabas l'a clairement signifié : le boycott est la seule réponse à la situation politique actuelle. Pour le numéro un du RCD, une élection présidentielle suppose des conditions qui doivent être réunies au moins deux ans auparavant. C'est probablement le cas également pour les initiatives politiques qui ne peuvent mûrir dans la hâte. Le projet de Djaballah ne fera certainement pas exception. L'opposition avait pourtant tenté de mettre en marche une démarche structurée à travers l'initiative de Mazafran. Porteuse des espoirs d'un large pan d'une société majoritairement amorphe, ladite initiative n'a pas survécu, forçant l'opposition à se retrouver au point zéro. N. I.