L'ONU a lancé hier un appel pressant aux belligérants de la crise au Yémen pour obtenir l'accès à d'importants stocks de céréales à Hodeida, dans l'ouest du pays, mettant en garde contre le «risque de pourrissement» de ces denrées attendues par des millions de civils. «L'urgence de l'accès des Nations-Unies aux minoteries de la mer Rouge à Hodeida s'accroît de jour en jour», ont souligné le médiateur de l'ONU au Yémen Martin Griffiths et le secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires de l'organisation, Mark Lowcock. Les stocks du Programme alimentaire mondial peuvent nourrir 3,7 millions de personnes pendant un mois mais sont inaccessibles depuis cinq mois et «risquent de pourrir», ont-ils affirmé dans un communiqué conjoint. L'ONU s'emploie à distribuer une aide alimentaire à 12 millions de personnes à travers le Yémen, pays pauvre ravagé par un conflit armé entre les forces gouvernementales et le mouvement Ansarullah (Houthis). L'accès à ces stocks de céréales relève de la «responsabilité» des deux parties en conflit, ont ajouté les responsables onusiens. Le 7 février, M. Lowcock avait demandé aux Houthis, qui contrôlent une route clé, de permettre l'accès à ces stocks qui se trouvent dans une zone aux mains des forces gouvernementales. L'ONU peine à appliquer un accord négocié en décembre en Suède sur le désengagement des belligérants à Hodeida, port de la mer Rouge essentiel à l'entrée de l'aide humanitaire dans le pays. Le conflit au Yémen, qui a provoqué la pire crise humanitaire au monde, a fait depuis 2015 quelque 10 000 morts, en majorité des civils, et plus de 60 000 blessés, selon un bilan partiel de l'Organisation mondiale de la santé. Des ONG estiment que le nombre de morts est largement supérieur, certaines citant un bilan cinq fois supérieur.