La rue a grondé ce vendredi. Des centaines de milliers de personnes ont marché pour dire non à un cinquième mandat, réclamer le départ d'un régime dont ils ont identifié et ciblé les symboles : le Président en exercice et son entourage, son chef du gouvernement et le parti «majoritaire». Nawal Imés - Alger (Le Soir) - Dans plusieurs villes du pays, ce vendredi a été placé sous le signe de la contestation. Sans parrainage politique, des milliers d'Algériens étaient dans les rues pour s'opposer au projet en cours, visant à faire réélire pour la cinquième fois consécutive le Président en exercice. Les slogans bien que différents d'une région à une autre se sont rejoints au final, se résumant à une revendication principale : le départ d'un régime et de ses symboles. Le Président en exercice et son plus proche entourage en ont pris pour leur grade. La foule massée pacifiquement ne réclamait qu'une chose : son départ. Son immense portrait arboré au niveau du bureau d'Alger du RND a été tout simplement arraché par des manifestants, réclamant son départ. Partout en Algérie, on a scandé «pas de cinquième mandat» en réponse à ceux qui ont actionné la machine électorale et qui veulent faire croire qu'elle est inéluctable et surtout irréversible. En investissant les rues de manière pacifique, ils entendent s'opposer à un projet échafaudé par ses proches et porté à bras-le-corps par ses plus fidèles lieutenants. Le Premier ministre qui compte parmi ces derniers n'a pas été épargné. Non, le peuple n'est pas content, ont scandé les manifestants en réponse à Ouyahia qui affirmait que la candidature du chef de l'Etat actuel avait rendu heureux le peuple. Les Algériens qui étaient vendredi dans les rues des différentes villes l'ont identifié comme un des symboles du régime, devant lui aussi partir. Il incarne au regard des slogans répétés, un système qui perpétue la rente et qui encourage la corruption à grande échelle. Beaucoup de manifestants n'ont pas hésité à crier leur mécontentement face à la gestion des affaires du pays. Le FLN, parti dit majoritaire, n'a pas échappé à la colère populaire. A Alger, les manifestants se sont arrêtés devant une kasma du FLN pour dire tout le mal qu'il pensait de la gestion des affaires du pays par ce dernier. Le vieux parti, majoritaire à l'Assemblée populaire nationale, s'est illustré par une gestion archaïque et est pointé aujourd'hui du doigt par des manifestants qui y voient le symbole d'un régime qui ne veut pas passer le flambeau, se cramponnant au pouvoir sans jamais se soucier de la volonté populaire. La marée humaine, hétéroclite, qui a pris d'assaut les rues à Alger, à Annaba, Constantine, Tébessa mais également dans beaucoup d'autres wilayas, a réussi à traduire sa colère par des mots d'ordre qui, le temps d'une marche, ont réussi à créer une dynamique qu'il reste à fructifier. N. I.