L'appel à une grève générale de cinq jours, lancé à travers les réseaux sociaux et appuyé au fil des jours par plusieurs syndicats autonomes, a été largement suivi par les travailleurs et les commerçants au niveau de la wilaya de Bouira. Hier, au premier jour de cette grève, le ton était donné à partir du chef-lieu de wilaya, puisque la ville de Bouira était totalement déserte dès les premières heures de la matinée, et même les élèves qui habitent loin des lieux de leur scolarité ont eu du mal à rejoindre leurs établissements, les transporteurs ayant eux aussi observé la grève. En effet, dès les premières minutes après 8 h, plusieurs institutions ont été fermées à cause de la grève du personnel, comme l'agence principale de l'ADE et ses antennes, les institutions financières comme les banques, la poste, les administrations tel le siège de l'APC où les travailleurs ont observé minutieusement la grève, alors que du côté du siège de la Wilaya, l'on a appris que le taux de suivi de la grève dépasserait les 60%. Au niveau de la gare routière, les voyageurs étaient nombreux à se retrouver piégés tant aucun bus ou fourgon n'étaient disponibles sur les lieux et même les transporteurs urbains ont suivi le mot d'ordre de grève. Cela étant, du côté des établissements scolaires et suite à la grève des enseignants et du personnel administratif qui ont suivi l'appel de l'intersyndicale de l'éducation qui regroupe une dizaine de syndicats autonomes, les élèves du primaire, du moyen et du secondaire se sont retrouvés devant leurs établissements à scander des mots d'ordre hostiles au pouvoir, avant que les premiers noyaux entament des marches. Au fur et à mesure des minutes puis des heures, les élèves se rejoignaient dans la rue jusqu'à devenir des milliers à marcher le long des boulevards et rues de la ville, en scandant les mots d'ordre devenus habituels, comme «Le peuple ne veut ni de Bouteflika ni de Saïd (son frère, ndlr)», «Ya Bouteflika, pas de 5e mandat» et autre «Le peuple veut la chute du système» ainsi que «Djoumhouria, machi malakia» «République , pas une monarchie», slogan qui revient souvent parmi les marcheurs ; et le tout ponctué par d'autres slogans comme «Y en a marre de ce pouvoir», «Pouvoir assassin», «Ulac smah ulac»… Cela étant, alors que les lycéens sillonnaient les rues et boulevards par milliers, et que les mêmes scènes étaient signalées partout à travers les 12 daïras de la wilaya ainsi que dans d'autres communes, les étudiants de l'université Akli-Mohand-Oulhadj, aidés par leurs enseignants appartenant au Cnes et les non-structurés, ont observé un sit-in devant le rectorat pour dénoncer la décision du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, concernant les vacances. Un peu plus tard, vers 11 h, une marche a été improvisée par des milliers d'étudiants et des dizaines d'enseignants , en empruntant l'itinéraire habituel qui va depuis le campus universitaire jusqu'au siège de la Wilaya, en passant par la cour de justice puis le siège de la Sonelgaz. Tout au long de cet itinéraire, les étudiants scandaient les mêmes slogans de ces derniers jours, mais également, actualité oblige, un nouveau slogan, à savoir «Ya wazir, ya Hadjar, talaba tarfoudh al qarar» «O ministre, ô Hadjar, les étudiants refusent votre décision», allusion faite à la décision de fermer les campus universitaires en annonçant les vacances de printemps avec une semaine d'avance. Y. Y.