Comme chaque 20 avril, les militants et sympathisants du MAK ont battu le pavé pour réclamer l'indépendance de la Kabylie. La traditionnelle marche du 20 Avril à laquelle avait appelé le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, MAK-GPK, dans les trois villes de Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa a, encore une fois, drainé la foule des grands jours dans la capitale du Djurdjura. En effet, des milliers de personnes, jeunes pour la plupart, ont pris part, jeudi, à cette marche qui avait pour principale revendication "l'indépendance de la Kabylie". Il n'était pas encore 10h et l'entrée du campus Hasnaoua de l'université Mouloud-Mammeri, lieu de départ de la manifestation, était déjà noire de monde. La marche s'est ébranlée à 11h et a suivi son itinéraire habituel menant vers la placette de l'ancienne mairie du centre-ville de Tizi Ouzou via la rue Lamali-Ahmed, longeant le CHU Nedir- Mohamed et le boulevard Abane-Ramdane. Tout au long de cet itinéraire, la foule compacte et longue de plusieurs centaines de mètres scandait à tue-tête des slogans en faveur de "l'indépendance de la Kabylie" et contre le pouvoir d'Alger. Les habituels "Corrigez l'histoire, l'Algérie n'est pas arabe", "Pouvoir assassin", "Ferhat président", entrecoupaient sans cesse des chansons de Ferhat M'henni et d'Oulahlou, reprises en chœur par la foule. Sur de grandes banderoles arborées, on pouvait lire : "Oui à l'indépendance de la Kabylie", "Honorez les résolutions du congrès de la Soummam. Libérez le Dr Kamel Eddine Fekhar et ses amis. Libérez la justice et celle-là nous libérera", "Halte à la répression des étudiants" et d'autres encore rendant hommage aux 126 martyrs assassinés par la gendarmerie durant le Printemps noir 2001, ainsi qu'au chanteur et chantre de l'amazighité, Matoub Lounès. La marche a pris fin vers 13h30, et la foule s'est dispersée dans le calme, après une prise de parole tenue au niveau du jet d'eau faisant face à l'ex-mairie de Tizi Ouzou. La veille de cette marche du 20 Avril, les autorités ont mobilisé des dizaines de jeunes pour placer des milliers d'emblèmes nationaux sur tout l'itinéraire de la marche. À Béjaïa, ils étaient aussi des centaines de militants ou sympathisants du MAK à avoir investi, jeudi dernier, les rues de la ville. Ils étaient près d'un millier, selon les estimations des services de sécurité et 5 000 selon les organisateurs, essentiellement des étudiants, à avoir battu le pavé, à partir de 11h, depuis le campus Targa-Ouzemour vers la place de la Liberté Saïd-Mekbel. À la tête de la marche, une banderole géante brandie par les manifestants et sur laquelle on pouvait lire : "Oui pour le mémorandum pour l'indépendance de la Kabylie". Des emblèmes du mouvement indépendantiste ont été également arborés, alors que la foule scandait des slogans hostiles au pouvoir. "Nekni sleqvayel naaya si lvatel ; Tafsut N'80 Tejrah Ulawen", "Pouvoir assassin", "Ulac smah ulac" sont autant de slogans scandés haut et fort par les marcheurs. Au niveau du rond-point Nacéria, les manifestants ont, comme à l'accoutumée, marqué une halte pour observer une minute de silence à la mémoire des victimes du Printemps noir avant de reprendre la marche vers la place de la Liberté Saïd-Mekbel où les dirigeants locaux du MAK ont pris la parole pour développer les thèses du mouvement. À Bouira, la manifestation du MAK n'a pas été un succès. La marche a été avortée par les services de l'ordre et 12 sympathisants ont été interpellés par la police. Il faut dire que cette action, ayant pour but de commémorer les événements du Printemps berbère et le Printemps noir, ainsi que de réclamer l'indépendance de la Kabylie, n'a pas fédéré grand monde, puisqu'à peine une trentaine de manifestants, des jeunes essentiellement, ont répondu à l'appel. Ainsi, c'est aux alentours de 10h15 qu'une poignée de marcheurs s'est rassemblée devant le portail principal de l'université Akli-Mohend-Oulahdj de Bouira, brandissant des drapeaux kabyles et scandant des slogans hostiles au pouvoir. À signaler que durant l'après-midi de jeudi, des dizaines de militants du MAK se sont rassemblés à Raffour (est de Bouira), pour exiger la libération des détenus. Ces derniers seront finalement relâchés vers 20h. Samir LESLOUS/L. Oubira/B. Ramdane