Le nom de Lakhdar Brahimi continue à circuler avec insistance et désigné comme étant le probable président de la conférence nationale que tient à organiser Abdelaziz Bouteflika. Le choix n'est pas fortuit, mais fera-t-il pour autant l'unanimité ? Abla Chérif - Alger (Le Soir) - La rencontre de cet ancien diplomate avec le président de la République de retour de Genève n'est pas passée inaperçue. Et même si Lakhdar Brahimi la qualifie de «visite de courtoisie» destinée à s'enquérir de la santé de Bouteflika de retour d'un hôpital suisse où il a officiellement séjourné pour des contrôles périodiques, il n'en demeure qu'il continue à être pressenti pour conduire la conférence nationale proposée par deux fois par le chef de l'Etat. Lakhdar Brahimi n'en parle pas ouvertement mais tient à indiquer que de ces entretiens avec Bouteflika, il garde une note « optimiste », « la voix du peuple, notamment les jeunes ayant été entendue et les prémices d'une nouvelle ère constructive se pointent déjà à l'horizon pour apporter des solutions à nos problèmes », dit-il. S'il se confirme, ce choix n'aura pas été fortuit. Ami de longue date du Président en poste, il a joué un rôle sensible durant toutes ces dernières années pour projeter l'image d'un chef de l'Etat encore en mesure de conduire et de gérer les affaires du pays. Pour démentir les rumeurs les plus folles, ou celle annonçant une dégradation de son état de santé, c'est à lui que la présidence de la République a fait appel à plusieurs reprises. Les Algériens ont ainsi pris pour habitude de voir des séances télévisées montrant Brahimi assis aux côtés de Bouteflika dans les périodes les plus délicates de sa vie et attester, à sa sortie, de la lucidité en insistant sur les échanges liés à l'actualité que les deux hommes ont eus. L'image que l'opinion s'est ainsi forgée de lui est celle d'un homme jouissant d'une très grande confiance du Président et de son cercle le plus proche, un ami auquel on peut faire appel dans les moments les plus difficiles. Le choix de lui accorder la lourde responsabilité de conduire la conférence nationale, si elle vient à avoir lieu, paraît de ce fait loin d'être fortuit. Diplomate chevronné, envoyé spécial de l'ONU dans le conflit syrien en 2014, il est actuellement membre du Groupe des sages de l'Union africaine et membre du Comité des sages créé par Nelson Mandela. Et c'est sur lui que compte visiblement le pouvoir pour intervenir dans cette situation délicate afin d'opérer comme une sorte d'interface entre lui et la rue. Pourra-t-il faire consensus ? La nouvelle n'étant pas officielle, les partis d'opposition n'ont émis aucun avis sur le personnage. La situation a, au contraire, poussé ces derniers à s'engager davantage dans la recherche de moyens de traduire la contestation populaire en propositions politiques. Une recherche ardue, presque périlleuse, faut-il dire, compte tenu de l'intransigeance qu'affichent les manifestants à l'encontre de bien des mouvements politiques. Ce qu'il faut aussi relever est que ces mêmes partis n'ont jamais eu à émettre d'avis, quel qu'il soit, au sujet de Lakhdar Brahimi, et que, partant de ce fait, les réactions venant de cette partie demeurent encore difficiles à prévoir. Le plus dur restera, cependant, à faire. La conférence que veut tenir Bouteflika est inclusive et donc ouverte à toutes les parties. Pour une première fois dans l'histoire de ce pays, la rue y joue un rôle principal. La voix de Lakhdar Brahimi pourra-t-elle se faire entendre dans les cris qui disent déjà non à la conférence nationale ? A. C.