Consulté, écouté et épié par les médias pour la moindre déclaration, Lakhdar Brahimi, ce globe-trotteur de 82 ans, revient occuper la scène médiatique depuis plusieurs mois. Avant-hier, le diplomate algérien qui a reçu la «décoration de la gratitude éternelle du Chili», pour avoir aidé beaucoup de Chiliens à fuir la dictature dans leur pays, durant les années 1970, occupe depuis ces derniers jours l'actualité nationale et même régionale. «Notre présidente, Michèle Bachelet, a voulu reconnaître cette générosité d'avoir oeuvré en faveur du Chili. Nous vous serons toujours reconnaissants, et à travers vous, à tous les Algériens qui ont accueilli, à bras ouverts, les Chiliens», a indiqué, lors de la cérémonie de remise de cette décoration, l'ambassadeur du Chili en Algérie, Marcia Covarrubias. M.Brahimi a indiqué que sa contribution, en faveur des Chiliens, était une «action très modeste» au plan personnel, soulignant que cette reconnaissance était un «hommage à l'Algérie, qui avait effectivement beaucoup fait» pour l'émancipation des peuples. Dans ces cérémonies, le diplomate sait à chaque fois que de besoin trouver le mot juste et le rappel qui égaie. Evoquant le défunt président chilien, Salvador Alende, assassiné en 1973, M.Brahimi a révélé que les présidents Houari Boumediene, Fidel Castro et Tito, lui avaient proposé, quelques jours avant sa mort, de venir assister en Algérie, à une conférence des pays non-alignés, pour échapper ainsi à une «mort certaine», proposition que le défunt avait déclinée, «préférant rester avec son peuple». Le 10 décembre dernier, il reçoit une autre distinction à Alger. La Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (Cncppdh) qui lui a remis le Prix des droits de l'homme dans sa troisième édition avant d'agrémenter la rencontre par ce propos franc «La situation des droits de l'homme en Algérie était en amélioration constante, mais insuffisante». En janvier dernier, il a reçu le titre de Docteur honoris causa de l'Institut d'études politiques de Paris. Une juste récompense pour sa carrière dans les relations internationales et les postes de responsabilité qu'il a occupés. Et depuis le 11 décembre dernier, il occupe les devants de la scène médiatique régionale à la suite de la conférence intitulée «Relations internationales et situation dans le monde: réalité et perspectives» animée à l'Ecole supérieure de police à l'occasion de l'anniversaire des événements du 11 Décembre 1960. M.Brahimi a ouvert la voie à un torrent médiatique quand il a abordé les relations entre l'Algérie et le Maroc. Faut-il donc rouvrir les frontières entre l'Algérie et le Maroc? M.Brahimi ne l'a pas dit explicitement? mais c'est ce qu'il fallait conclure. Le diplomate algérien voulait d'abord faire admettre le principe qu'il est possible de restaurer une dynamique économique et de reconstruire le bloc maghrébin à même de peser dans les rapports avec les pays du nord de la Méditerranée et du reste du monde. Il suggère des solutions, déblaie des pistes et c'est aux responsables des deux pays d'opter pour une solution qui les agrée. N'est-ce pas que c'est le rôle même d'un sage? Les enjeux des nouvelles mutations mondiales imposent beaucoup plus un rapprochement entre Alger et Rabat, deux moteurs de l'intégration maghrébine à l'image du couple France-Allemagne dans la dynamique européenne. Ce rapprochement ne doit pas pour autant ignorer les questions pendantes comme celle du Sahara occidental qu'il laisse aux soins de l'ONU. M.Brahimi propose d'ailleurs un modèle comme cela a été fait entre la Chine et l'Inde, deux pays où les échanges commerciaux et économiques n'ont pas été affectés par des tiraillements politiques parfois aigus. En homme avisé, il pose la problématique de l'urgence d'une nouvelle politique économique. Il a été reçu par Bouteflika Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a reçu, hier, à Alger, le diplomate algérien et ancien ministre des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi. Le dernier poste occupé par M.Brahimi est celui d'envoyé des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, duquel il a démissionné fin mai 2014. La dernière visite de Brahimi à Bouteflika remonte au 6 novembre dernier. «(...) ma visite est une visite privée», a déclaré M.Brahimi à la presse à l'issue de l'audience. «Nous avons évoqué différentes questions nationales, régionales et internationales», a-t-il précisé, soulignant que «sa rencontre avec le Président Bouteflika lui a été bénéfique».