Des magistrats issus de plusieurs juridictions de la wilaya de Tizi Ouzou se sont rassemblés dans l'enceinte de la cour de justice, hier en début d'après-midi. Ce rassemblement auquel ont pris part des greffiers, des avocats du barreau de Tizi Ouzou et des huissiers est une première dans les annales de la justice et pour le corps de la magistrature habituellement soumis au devoir de réserve et qui entendent s'impliquer, par cette action de protestation, dans la dynamique citoyenne pour le changement et le départ du système. «Notre rassemblement est une manière d'exprimer notre attachement pour le respect et la défense du principe de la séparation des pouvoirs, conformément aux dispositions de la Constitution. Par notre action d'aujourd'hui en tant que juges qui rendent la justice au nom du peuple, nous nous engageons aux côtés du peuple qui s'est exprimé dans la rue pour défendre sa souveraineté, et il appartient à toutes les institutions de l'Etat de respecter la volonté populaire, étant entendu que le peuple est la source de tout pouvoir », dira un juge d'instruction qui, s'exprimant au nom de ses pairs magistrats, estime que «lorsqu'il y a violation et non-respect des dispositions de la Constitution , comme nous le constatons présentement, il n'y a pas place au devoir de réserve ». S'exprimant à son tour, Me Brahim, bâtonnier de Tizi Ouzou , a exprimé sa solidarité et son soutien aux magistrats. «Notre devoir est d'utiliser les armes juridiques pour dire non à la violation de la Constitution.» Les décisions annoncées (la veille) par le Président sortant constituent une violation de la souveraineté populaire », dira le représentant des avocats de Tizi Ouzou qui se sont dit opposés à la continuité prônée par Bouteflika. «Non à la continuité, oui pour l'Etat de droit», ont-ils scandé. Ayant pris part au rassemblement, Me Bouchachi du barreau d'Alger n'hésitera pas à qualifier les propositions faites la veille par Bouteflika «d'insulte à l'intelligence du peuple et le désir profond pour le changement exprimé par les jeunes». L'avocat et défenseur des droits humains s'est dit favorable à une large concertation pour la mise en place d'un cadre consensuel constitué de personnalités nationales intègres et autonomes pour diriger la transition. Me Bouchachi ne manquera d'appeler l'ANP à se ranger aux côtés du peuple qui réclame le respect de sa dignité et de sa souveraineté. S. A. M.