La plupart des audiences des tribunaux d'Alger ont été renvoyées en raison du refus des avocats de plaider en présence de huissiers de justice réquisitionnés pour remplacer les greffiers en grève. Même constat au niveau national, exception faite pour les cours de Boumerdès et de Tizi Ouzou, où les robes noires n'ont pas tenu compte de l'appel de l'Union des barreaux. La majorité des audiences au niveau des tribunaux d'Alger ainsi qu'au niveau de nombreuses autres juridictions à travers le pays ont été renvoyées à une date ultérieure. La décision a été prise par les juges après que les avocats se soient retirés en signe de protestation contre la désignation de huissiers de justice, à la place des greffiers grévistes. Après le communiqué du barreau d'Alger, appelant toutes les robes noires à se conformer à cette décision, l'Union des barreaux d'Algérie a lancé le même appel à tous les avocats, et ce, à l'issue d'une réunion qu'elle a tenue mardi dernier. Cette décision a été largement suivie dans de nombreuses juridictions, exception faite pour les tribunaux de Tizi Ouzou, et de Boumerdès. Pour les avocats, le remplacement des greffiers grévistes par les huissiers de justice «est une grave dérive et une atteinte aux droits des justiciables. Le greffier est le témoin qui authentifie les actes d'audience. L'absence de sa signature est un cas de cassation», avait déclaré Me Sellini, bâtonnier d'Alger. Hier, les salles d'audience au niveau des tribunaux d'El Harrach, de Sidi M'hamed, de Bab El Oued et de Hussein Dey n'ont pas connu l'effervescence habituelle. Une bonne partie des affaires programmées a été renvoyée par les magistrats faute d'avocats. Bon nombre de ces derniers se déclarent solidaires des greffiers et s'étonnent que «les juges, censés être leurs premiers alliés et protecteurs, les lâchent de cette manière». Dans certaines juridictions, comme à Alger, les grévistes ont été violemment chassés de leur lieu de travail et empêchés de manifester dans la rue ou de rejoindre le siège de la Présidence, devant lequel, ils comptaient observer un sit-in de protestation mardi dernier. Ils réclament tout simplement la révision de leur statut et l'intégration des corps communs. Après leur rassemblement le 19 avril devant le siège du ministère de la Justice, et la réponse de ce dernier, par le recours aux huissiers de justice, les greffiers ont décidé de durcir leur mouvement de grève de cinq jours (de dimanche dernier à aujourd'hui) en refusant de respecter le service minimum. Visiblement, les deux parties campent sur leur décision et en absence de toute forme de dialogue entre les deux, ce sont malheureusement les justiciables qui paient le prix fort.