Les employés de la Cour de justice d'Alger ont également tenu un sit-in, sous le slogan «Où est le premier magistrat du pays ?». Les avocats ne lâchent pas prise. Ils maintiennent la mobilisation générale contre le cinquième mandat du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. Hier encore, plusieurs rassemblements ont été organisés devant les cours de justice de plusieurs wilayas. A Alger, des dizaines d'avocats se sont rassemblés devant la Cour d'Alger. Munis du drapeau national et portant des pancartes sur lesquelles l'opposition au cinquième mandat est proclamée, ils ont appelé les magistrats à les rejoindre. Les employés de la Cour de justice d'Alger ont également tenu un sit-in, sous le slogan «Où est le premier magistrat du pays ?». A Béjaïa, les avocats ont été rejoints par les magistrats pour signifier leur opposition au projet de la continuité. A Tizi-Ouzou, à Annaba et Guelma, des rassemblements d'avocats contre la continuité ont eu lieu. Ainsi, la journée d'hier a été marquée par l'adhésion des magistrats au mouvement de contestation du cinquième mandat, une première depuis le début des manifestations d'envergure contre cette option. A Béjaïa, des juges ont pris la parole publiquement, pour exprimer leur refus du cinquième mandat. «Les moudjahidine et martyrs du passé ont libéré la terre (le pays), leurs descendants doivent aujourd'hui libérer l'Humain […] ; nous n'avons d'autres objectifs, en brisant le mur du silence imposé à la justice par des prétextes illusoires, que de dire que les juges qui jugent au nom du peuple doivent se mettre de son côté», a déclaré l'un des juges présents au rassemblement. «Les avocats sont les enfants du peuple, ils jugent en son nom, et ils demandent le respect de sa volonté», «Non à la violation de la Constitution et à l'utilisation de la justice pour des visées de pouvoir», lit-on sur des banderoles brandies par les juges. Selon Salah Dabouz, avocat et défenseur des droits de l'homme, qui a salué l'adhésion des juges au mouvement, les magistrats comptent lancer un syndicat. «Les magistrats avaient lancé un syndicat qui s'appelle Club des juges en 2016. Ses initiateurs ont été sanctionnés. On a promis aux autres membres de prendre en charge leurs préoccupations. Et à ce jour, rien n'a été fait dans ce sens. Ces magistrats ont décidé dans le cadre de ce mouvement populaire de relancer le syndicat», a-t-il indiqué à un média électronique. Il a précisé qu'ils sont près de 1000 magistrats dans ce syndicat, et qu'ils sont en train de s'organiser pour relancer cette organisation, et apporter leur soutien au mouvement populaire comme première étape. A rappeler qu'il y a quelques jours, 1000 juges ont menacé de ne pas encadrer le scrutin du 18 avril, se révoltant contre les multiples violations de la constitution par le pouvoir. L'ancien président de la Commission nationale de promotion des droits de l'homme et avocat, Farouk Ksentini, a commenté la décision des magistrats, la qualifiant de «courageuse». «Mais la loi va les sanctionner», a-t-il précisé dans une déclaration médiatique. Pour sa part, le ministre de la Justice, Tayeb Louh, a appelé les magistrats à respecter «le devoir de réserve».