La mobilisation populaire contre le système actuel ne décolère pas à Béjaïa où des milliers de manifestants ont investi la rue hier encore, pour exiger le départ immédiat du président Bouteflika et de son clan au pouvoir. Des travailleurs de tous les secteurs ont répondu à l'appel lancé quelques jours auparavant via les réseaux sociaux, pour participer à cette grandiose marche de protestation. Blouses blanches, éléments de la Protection civile, salariés d'Alcost, postiers, travailleurs de l'éducation, de la régie municipale, de la daïra, du siège de la Wilaya, des travailleurs du privé et des étudiants, tout ce beau monde a vibré comme un seul homme pour dire «nous ne sommes pas vos otages» et «dégagez maintenant», comme principal slogan et réponse précise à la dernière sortie du clan présidentiel, à l'occasion de la fête de la victoire où le président de la république semblait ignorer les réactions quotidiennes de la protesta contre ses propositions. La manifestation d'hier a non seulement drainé beaucoup de monde dans les ruelles de la capitale des Hammadites mais avait pour objectif, selon les organisateurs, de donner plus d'élan dans la lutte pour «libérer le peuple algérien de la dictature dans les tout prochains jours». Des slogans comme «système dégage» «Djeïch chaâb khawa khawa», «klitou lebled ya sarrakine» (vous avez dilapidé le pays, voleurs), ont été scandés à tue-tête, lors de ce déferlement citoyen. Arrivés devant le siège de la mairie de Béjaïa, une fois n'est pas coutume, les manifestants ont scandé «FFS dégage», «FLN dégage» avant de poursuivre leur ascension vers la haute-ville défilant, drapeaux algérien et amazigh à la main, dans une atmosphère festive et joyeuse. «Ça me donne des frissons parfois des larmes de voir toutes ces énergies patriotiques, toute cette jeunesse unie dans la joie pour défendre leurs droits pour une vie libre et démocratique. Franchement, l'Algérie mérite une autre image que les occidentaux avaient de nous à cause du système prôné par les Bouteflika et compagnie qui ont tout fait pour faire sombrer le pays dans le chaos et l'anarchie», nous dira un enseignant de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa, lors de cette marche. «L'université est résolue à poursuivre la lutte», «l'expression est notre culture, sa liberté notre devoir, son entretien notre objectif» et le «peuple exige votre départ», les pancartes se comptaient par centaines que les étudiants ont brandies et le tout dans une ambiance particulièrement festive. Pour Khaled Tazaghart, le député démissionnaire, qui a participé à la manifestation aux côtés des enseignants de l'éducation «la lutte pour retrouver notre dignité doit continuer jusqu'au bout, nous n'avons pas le droit de baisser les bras maintenant que le système est mort, nous devons l'enterrer. J'ai tout le temps été aux côtés du peuple et je continuerai à l'être». Par ailleurs, la ville de Sidi Aïch a été le théâtre d'une marche similaire contre le pouvoir en place où des centaines de manifestants dont de nombreux communaux, ont scandé les mêmes slogans de l'actuel mouvement populaire. Kamel Gaci