Au final, le temps a été clément, pas une seule goutte de pluie n'est venue gâcher la marche d'hier. D'ailleurs les manifestants s'y étaient préparés par des parapluies recouverts du drapeau algérien dans le cas où ils les utiliseraient. Comme chaque vendredi, c'est aux environs de 13 heures que les premiers citoyens arrivent à la place d'Armes en attendant tous les autres qui les rejoindront après la prière du vendredi. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - Pour cette marche, les manifestants ont eu une pensée pour tous ceux qui ont été assassinés durant la décennie noire. Ainsi des portraits de Bakhti Benaouda, de Rachid Baba Ahmed, Djelid Aïcha, Alloula, Hasni Chakroun et bien d'autres et même le portrait de Boudiaf, ont « pris part » symboliquement à la marche pour rappeler « aux mémoires amnésiques que ces hommes et ces femmes ont été tués par des intégristes qui, aujourd'hui, veulent se joindre au mouvement citoyen comme si de rien n'était. Nous leur disons non, on n'oublie pas et on ne vous laissera pas faire », se sont ainsi exprimés des citoyens présents à la marche. Ainsi, pour cette journée de la mémoire, mais aussi du rejet du système où le « dégagez tous » n'a pas cessé de résonner, les marcheurs étaient comme chaque vendredi nombreux à emprunter les rues du centre-ville en entamant leurs parcours dès 14 heures, où des vagues humaines n'ont cessé d'occuper les espaces durant plusieurs heures. Des familles, des femmes, des enfants, des vieux, des jeunes, tous ont répondu présents hier et même les plus hésitants ont rejoint le mouvement pour la première fois comme cette vieille dame qui confie qu'après plusieurs vendredi à hésiter de peur que cela déborde et qu'il y ait des incidents et constatant le contraire, elle a enfin trouvé la force de sortir exprimer elle aussi son rejet d'une situation qui n'a que trop duré. Les citoyens réagissent chaque vendredi selon les évènements et les déclarations des politiques durant la semaine. Hier, la réaction était sans appel contre le ralliement du RND et du FLN au mouvement populaire. Des «dégage FLN et RND» ont eu la plus grande part dans les slogans. «Hypocrites, menteurs, on ne nous trompera plus, qu'ils dégagent tous avec leurs faux ralliements», ne cessaient de scander les marcheurs. Tous les manifestants se sont retrouvés devant le siège de la Wilaya d'Oran où la plupart ont choisi de donner le dos à l'impressionnante bâtisse ; une réaction symbolique pour dire « non à des institutions qui symbolisent un système que nous rejetons catégoriquement », explique-t-on. Un rassemblement qui n'a pas pris fin sur place puisque les manifestants ont repris leur marche durant des heures. A. B.