L'appel du chef d'état-major de l'ANP, le général-major Gaïd Salah à l'application de l'article 102 de la Constitution qui induira, de fait, la vacance du pouvoir après constat de l'incapacité du président de la République à exercer ses fonctions, «constitue une autre victoire à mettre à l'actif de la mobilisation citoyenne depuis le 22 février dernier», a estimé Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid, qui était l'invité de l'Université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, dans le cadre du cycle de débats politiques initiés autour du mouvement de contestation citoyenne pour le départ du système. Après un large tour d'horizon sur les évolutions socio-politiques en cours en Algérie, Soufiane Djilali a livré son appréciation sur l'appel lancé la veille par le chef de l'état-major de l'ANP pour mettre fin au pouvoir de Bouteflika par l'application de l'article 102 de la Constitution. La probable application de cette disposition constitutionnelle qui se traduira par le départ de Bouteflika «qui interviendra, probablement, avant la fin de son mandat » signifie l'écroulement de tout l'édifice du pouvoir constitué par les soutiens et les allégeances hétéroclites autour de la personne du président sortant, se félicite le président de Jil Jadid. Il ne s'agit que d'une nouvelle victoire qui a été obtenue grâce à la mobilisation du peuple dans la rue et qui en appelle d'autres. «L'application de l'article 102 de la Constitution doit être récupérée comme une autre victoire du peuple », dira S. Djilali. Un peuple, qui, selon lui, « a même poussé un parti comme le RND à adopter un discours d'opposition au pouvoir.» Et de préconiser la poursuite de la pression de la rue à qui il appartient de tracer l'agenda du changement. «On ne veut pas d'un Bensalah pour diriger la transition mais des hommes consensuels et acceptables par tous», clame le chef de file de Jil Jadid pour qui, les personnalités qui auront été adoubées par le peuple à conduire la transition « doivent rentrer chez elles une fois leur mission accomplie ; elles ne doivent pas prétendre à des fonctions électives car le risque est grand de les voir fausser le jeu électoral à leur profit», prévient-il. «Il faut que le peuple soit vigilant et doit sortir dans la rue dans le cas d'une tentative de déviation» du processus qui sera mis en route et qui reposera sur des mécanismes consensuels. Pour Soufiane Djilali, la nouvelle Constitution n'exige pas un processus constituant. Il mettra en garde contre les dangers qui peuvent surgir dans le cas de l'adoption d'un tel texte (Constitution) par une Assemblée constituante. «L'Algérie vient de sortir d'un conflit dont les cicatrices viennent juste de se refermer. Le risque est grand de voir ressurgir les conflits idéologiques qui ont miné la société ; on risque de rallumer les feux de la discorde idéologique», préviendra l'invité de l'UMMTO. S. A. M.