Le RCD réclame la démission du chef de l'Etat pour permettre l'enclenchement d'une période de transition de «rupture la plus courte possible» à travers une feuille de route détaillée aussi bien en objectifs qu'en timing. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Pour le président du RCD, qui s'exprimait, hier mercredi, lors d'une conférence de presse, il y a des préalables à la mise en branle et l'aboutissement de cette démarche qui consiste en la «démission du chef de l'Etat». Seulement, précise Mohcine Belabbas, avant de partir, Abdelaziz Bouteflika doit d'abord renvoyer son gouvernement et procéder à «la dissolution des deux Chambres du Parlement et du Conseil constitutionnel». Et cette transition est étalée sur plusieurs étapes dont la première consistera en l'élection d'une «haute instance» composée de trois personnes élues par «de grandes corporations comme le corps de la magistrature, l'enseignement supérieur, les syndicats autonomes qui s'impliquent fortement dans le mouvement populaire du 22 février dernier. Avec ces autres préalables que l'âge des trois membres de la haute instance devra être «de moins de 60 ans à la date de l'élection avec comme missions d'incarner la fonction présidentielle et d'engager les pourparlers pour construire des compromis et de restituer à la mémoire collective tous les symboles et sigles du combat du peuple algérien contre le colonialisme et de démanteler toutes les structures budgétivores, FLN, UGTA, scouts et autres organisations de masse». Car, pour le président du RCD, le «changement du système ne se limite pas à un changement de figures» mais passe également et surtout par la «restitution des symboles». Et cette haute instance de transition mettra en place un «gouvernement de salut national» composé de «compétences nationales à l'exclusion de toutes personnes ayant une attache partisane», excluant tout rôle prépondérant de la classe politique lors de cette transition. Pour lui, le mouvement populaire du 22 février dernier a sonné le glas des partis politiques. «Il n'y a pas d'opposition, ni d'allégeance, il y a seulement ceux qui veulent sauver le pays et ceux qui veulent sauver le système», a affirmé Belabbas qui a invité également l'armée à aller vers une phase de transition. Une opposition, ou une partie de l'opposition dont le président du RCD a dit se démarquer pour avoir exhorté l'armée à s'impliquer dans l'arène politique. Indépendante du gouvernement qui aura à se charger des affaires courantes et sera également en charge de la sécurité et de l'intégrité du pays à travers la présence en son sein d'une personnalité civile comme ministre de la Défense nationale de plein exercice, la feuille de route du RCD inclut également une «instance nationale indépendante de l'organisation des élections. Présidée par « une personnalité intègre nommée par la haute instance de transition», cette instance produira un fichier électoral incontestable et définira les modalités du déroulement du scrutin du début jusqu'à la proclamation des résultats qui sont de son seul ressort et d'élaborer une loi électorale qui sera soumise à référendum le même jour que la nouvelle Constitution. Aussi, le RCD propose la mise sur pied d'un «comité de la nouvelle Constitution» qui «procédera à de larges consultations» et élaborera une nouvelle Constitution et qui sera «soumise à référendum populaire en même temps que la nouvelle loi électorale, avant la fin du mois de juin 2019». La phase de transition «de rupture» du RCD ne devra pas durer plus de six mois puisque, selon Belabbas, elle prendra fin avec la mise en œuvre du calendrier électoral et «la mise en place de nouvelles institutions et l'élection de représentants du peuple dans un système où l'alternance au pouvoir est du seul ressort de la volonté populaire», a-t-il affirmé, ajoutant que l'élection d'un nouveau président est prévue par le plan avant la fin du mois d'octobre 2019. Seulement, avant l'enclenchement de cette feuille de route, le président du RCD estime «indispensables des mesures d'apaisement» comme la «libération de tous les prisonniers d'opinion», et l'abstention du gouvernement de «prendre toute mesure économique ou sociale qui peut avoir un effet négatif sur le pouvoir d'achat des larges couches sociales». M. K.