Partis politiques, intellectuels, organisations de la société civile, personnalités nationales proposent, chacun selon l'analyse qu'il fait des évènements, un plan de sortie de crise. Alors que la mobilisation du peuple algérien se poursuit pour imposer le changement du système pacifiquement, de plus en plus d'interrogations se posent sur l'avenir du mouvement. Des initiatives se proposent alors pour tracer une voie à même d'aider le régime et ses figures à partir, pour préparer la naissance de la deuxième République qui revient désormais sur toutes les lèvres. Partis politiques, intellectuels, organisations de la société civile, personnalités nationales proposent, chacun selon l'analyse qu'il fait des évènements, un plan de sortie de crise. Ce qui est d'ailleurs tout à fait normal dans une société qui aspire à jouer pleinement son rôle dans des moments historiques de la vie d'une nation. Du départ de Bouteflika à la mise en place d'une présidence collégiale à la période de transition, au gouvernement d'union nationale, passant par la remise du FLN au musée jusqu'à la feuille de route proposée par le chef de l'Etat lui-même, qui a prolongé son quatrième mandat, les initiatives se croisent plus ou moins dans certains points. Cependant, un seul mot revient tel un leitmotiv : la Constituante. Les partis de l'opposition en font depuis des années une demande pressante pour une meilleure sortie de crise. Le FFS qui a, depuis sa création en 1963, réclamé le retour à la légitimité en allant vers l'élection de cette assemblée, l'a réitéré encore plus fort à l'occasion des marches pour le départ du système. Répliquant au plan proposé par Abdelaziz Bouteflika aux Algériens, le FFS a estimé qu'il n'y a aucun intérêt à réviser encore une fois la Constitution qui ne sera pas respectée. Pour lui, «l'élection d'une assemblée constituante, autour de laquelle le consensus s'est déjà établi dans la rue, est à même de constituer l'issue à la crise». Dissolution du Parlement Le RCD qui, de son côté, fait du départ du chef de l'Etat une condition sine qua non de toute solution, penche indirectement en faveur de cette Assemblée nationale constituante (ANC). En proposant, outre la démission de Bouteflika et le départ du gouvernement, la dissolution du Parlement avec ses deux Chambres, qui «constituent un Smig pour éviter tout dérapage ou une vaine tentative d'un retour en arrière», le RCD se range sans trop le vouloir à cette idée. Tandis que le Parti des Travailleurs (PT), par exemple, en fait une réflexion profonde. Pour le parti de Louisa Hanoune, il faut ouvrir grand le débat au niveau national, à travers des comités à installer au niveau des communes, pour qu'ils puissent soumettre leurs propositions à une instance nationale. Cette instance n'est au fait que l'ANC, à laquelle aspire le PT, et qui élaborera la Constitution à adopter d'une manière démocratique et souveraine. Pour les initiatives naissantes depuis quelques jours, les unes comme les autres atterrissent toutes au même point de chute. Cinq partis politiques peu connus ont lancé une initiative intitulée «Rassemblement pour une nouvelle République», à travers laquelle ils appellent à la dissolution des deux chambres du Parlement et leur remplacement par une Assemblée constituante. Cette dernière supervisera la gestion de la période de transition, et aura pour missions la formulation de la nouvelle Constitution et l'élaboration de la nouvelle loi relative au régime électoral. Du côté des organisations de la société civile, un collectif d'une vingtaine d'ONG a rendu publique une feuille de route pour l'instauration d'une nouvelle République, à travers laquelle il appelle au retrait du président Bouteflika, à l'issue de son mandat le 27 avril prochain, à la mise en place d'une «présidence collégiale» composée de personnalités nationales dignes de confiance, s'engageant à ne pas rester au pouvoir à la fin de la transition, et à la formation d'un gouvernement de salut national, nommé par la présidence collégiale, chargé de gérer les affaires courantes de l'Etat. Une nouvelle Constitution Mais ce processus doit passer aussi par «la dissolution du parlement (APN, Ndlr) et du Sénat». Comprendre que les initiateurs ont bien en ligne de mire l'élection d'une nouvelle Assemblée, qui aura à siéger durant «la phase de transition qui permettra au peuple de concrétiser son projet national». De leur côté, les personnalités signataires de la Plate-forme pour le changement en Algérie estiment dans leur proposition de sortie de crise, que «les institutions existantes doivent laisser place aux institutions de la transition». Outre le départ de Bouteflika, la mise en place d'un Haut comité de transition et d'un gouvernement de transition, les initiateurs appellent à des assises regroupant toutes les sensibilités de la société et des représentant(e)s du mouvement, qui auront à dégager un consensus national sur les modalités pratiques de mise en place de la Constituante. Cette dernière aura à proclamer la naissance de la nouvelle République par un texte fondateur, puis viendra l'élection de l'ANC chargée d'élaborer la nouvelle Constitution. C'est dire que tous les chemins mènent au final vers l'Assemblée nationale constituante (ANC), laquelle est considérée par l'ensemble des initiatives, plans et autres feuilles de route pour une sortie de crise, comme préalable pour aller vers la IIe République. Pour ceux qui évoquent cette voie pour la première fois, il faut dire que la rue a fini par la leur imposer. Le peuple, en réclamant le changement radical du système, aspire à un nouveau départ.