Mobilisés depuis le début du mouvement populaire contre le système politique, le 22 février dernier, les avocats sont revenus, hier, à la charge en boycottant les audiences dans tous les tribunaux du pays. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les avocats ont protesté contre l'arrestation de Salah Dabouz, placé avant-hier sous contrôle judiciaire. C'est donc en solidarité avec Me Dabouz, président d'une aile de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, que les robes noires ont observé une grève hier, pour que cessent les harcèlements contre les avocats. Ils ont répondu massivement à l'appel de l'Union nationale de l'ordre des avocats qui dénonce l'arrestation du militant Dabouz. Selon cette organisation, le mandat d'arrêt contre l'avocat est « lié à d'anciennes affaires que l'avocat a défendues à Ghardaïa», qualifiant la procédure de «grave atteinte à la Constitution et n'a aucun fondement réel ni juridictionnel». Me Dabouz a été interpellé dimanche à Alger en application d'un mandat d'amener émis par le tribunal de Ghardaïa qui l'a placé sous contrôle judiciaire lundi. Indignés par cette arrestation, les avocats ont répondu à l'appel à la grève et boycotté les audiences dans les différents tribunaux du pays. «Cette grève est organisée en signe de solidarité avec notre confrère Salah Dabouz. C'est un avertissement à tous ceux qui oseront toucher à l'avocat qui reste un acteur incontournable dans la défense des droits de l'homme et des libertés», affirme Lyes Azzi, avocat exerçant à Tizi-Ouzou. Notre interlocuteur se demande quand les arrestations des gens innocents et des militants vont cesser. Il appelle plutôt à arrêter ceux qui ont pillé le pays. Dans sa réaction à l'interpellation de Salah Dabouz, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme a dénoncé le fait que le parquet général de Ghardaïa n'ait pas respecté la procédure légale d'informer au préalable le bâtonnier de l'ordre des avocats de Boumerdès dont dépend Me Dabouz. La ligue estime que les poursuites à son encontre semblent dénuées de tout fondement «dès lors que Me Dabouz a agi dans le cadre de sa mission en tant qu'avocat » et que, par conséquent, son arrestation est «une atteinte flagrante aux droits de la défense, principe garanti par la constitution et les conventions internationales relatives aux droits de l'Homme et la loi sur la profession d'avocat». Exigeant la libération immédiate de Me Salah Dabouz, la ligue considère que l'émission du mandat d'arrêt à son encontre est une atteinte de plus aux droits de la défense, à la présomption d'innocence et dans des cas disproportionnés par rapport aux faits reprochés. K. A.