Ya-t-il une volonté de museler toutes les voix discordantes en Algérie ? Visiblement, c'est le cas. En plus de l'élaboration d'arsenaux juridiques réprimant la liberté d'expression, les tenants du pouvoir recourent aussi au harcèlement judiciaire. L'avocat et président d'une aile de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), Salah Dabouz, vient d'en faire les frais. En effet, ce qui était une campagne médiatique nauséabonde à son encontre prend désormais l'allure d'une cabale judiciaire. «J'ai reçu, le 6 juin, une convocation de la police d'Alger pour être entendu par la police judiciaire de Ghardaïa. Comme je ne pouvais pas faire le déplacement pour des raisons de santé, j'ai écrit au procureur près le tribunal de Ghardaïa pour l'informer et lui suggérer que je sois entendu par la police judiciaire d'Alger, conformément aux dispositions de l'article 99 du code de procédure pénale», nous explique Me Dabouz. Mais avant-hier, l'avocat a été surpris d'apprendre que le juge d'instruction a émis un mandat d'arrêt à son encontre. «Le mandat d'arrêt aurait été émis le 15 juin», déclare-t-il, en se disant étonné par cette décision. Selon lui, cela relève du «harcèlement judiciaire». «J'ai commencé à subir des pressions depuis que j'ai dénoncé des agressions sexuelles dans la prison de Ghardaïa», dénonce-t-il. Salah Dabouz serait poursuivi en justice par la direction de la prison de Ghardaïa qui l'accuse d'avoir «introduit un ordinateur équipé d'une caméra dans la prison de Ghardaïa». «L'attitude des services du tribunal de Ghardaïa qui ont émis un mandat d'arrêt, en catimini, contre l'avocat et président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme dans l'objectif de l'arrêter par effet de surprise est inacceptable dans la mesure où Me Dabouz n'a pas été convoqué de façon légale, la convocation ne précisant pas l'objet», explique la LADDH dans un communiqué rendu public vendredi. Pour la LADDH, cela «traduit une volonté claire de vengeance et de porter préjudice à Me Dabouz sans aucun égard pour la loi, ni la dignité humaine ni l'honneur et l'immunité d'un avocat et président de la LADDH».