Pour le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), l'UGTA (Union générale des travailleurs algériens) ne doit pas disparaître. Il estime qu'au contraire, le champ syndical doit se renforcer à travers la mise en place de nouvelles confédérations et de nouvelles unions. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Lyes Merabet affirme qu'aujourd'hui, face à la situation qui prévaut en Algérie, son syndicat est interpellé dans un autre domaine, soit pour des revendications politiques. «La revendication d'aujourd'hui a dépassé la revendication sociale. Au nom des citoyens que nous sommes, nous sommes interpellés pour être au milieu de la population et au sein du mouvement populaire pacifique qui se poursuit depuis le 22 février», dit-il. Intervenant hier, sur les ondes de la Radio Chaîne Trois, le président du SNPSP rappelle que son syndicat est membre fondateur de la Confédération des syndicats algériens, qui s'est exprimé le 12 mars dernier contre le prolongement du 4e mandat de Bouteflika. «Nous avons ainsi appelé à des assises pour la nouvelle République, une République de la justice sociale et d'égalité, une République des libertés démocratiques dans le cadre de l'appel du 1er-Novembre», précise-t-il. S'agissant du dialogue social, il assure que durant des années, le seul dialogue a été au nom du gouvernement, des patrons mais surtout au nom d'un seul syndicat, une seule centrale syndicale. «Ce dialogue n'a pas été celui escompté par les travailleurs que nous sommes et par les militants syndicalistes que nous représentons», dit-il. Selon lui, ce dialogue n'a pas permis justement à l'économie nationale de décoller et de s'installer dans sa diversité, afin de libérer le pays de cette économie adossée aux hydrocarbures mais il a également ignoré nombre de questions ayant trait aux droits des travailleurs et aux conditions de travail. «Ce dialogue social n'a pas vraiment rendu service aux travailleurs et n'a pas apporté de solutions aux différents secteurs. Il a été conçu juste pour servir les intérêts des patrons mais aussi pour accompagner et accomplir les politiques des différents gouvernements», ajoute-t-il. L'invité de la radio évoque à cet effet, l'exclusion dont ont été victimes les syndicats autonomes. «Les syndicats autonomes ont été pendant plus d'une dizaine d'années sur le terrain de la protestation et de la mobilisation autour des axes principaux notamment la liberté d'expression pour dénoncer la précarité dans le travail et l'entrave à l'exercice syndical et le droit de grève», dit-il. Il rappelle ainsi le parcours de plusieurs syndicats autonomes du secteur public qui ont commencé à s'organiser et à se structurer à partir des années 1990 avec l'avènement de la Constitution de 1989 et les lois sociales de 1990. «Si nous étions à l'aise et vraiment bien représentés par l'UGTA, nous n'aurions pas pensé à nous organiser autrement». Pour Lyes Merabet, il n'est pas question que l'UGTA disparaisse. «Au contraire, nous voulons renforcer le champ syndical à travers la mise en place de nouvelles confédérations et de nouvelles unions», souligne-t-il. Il précise, par ailleurs, qu'un retard est accusé dans ce domaine, ne serait-ce que par rapport aux pays voisins. Il cite l'exemple du Maroc qui compte une douzaine de centrales syndicales entre confédérations et unions et celui de la Tunisie qui est passé d'une seule centrale syndicale avant la révolution tunisienne, à quatre confédérations syndicales actuellement et une cinquième prévue pour bientôt. Il assure que la Confédération des syndicats algériens est amenée à être élargie à d'autres secteurs d'activité. «Les organisations syndicales sont les bienvenues pour s'affilier à cette Confédération. Nous voulons aussi travailler en concertation avec l'UGTA sur des questions qui nous intéressent tous», dit-il encore. Ry. N.