S'il y a bien une chose que les syndicats autonomes, principalement les représentants de la Fonction publique, ont du mal accepter c'est la mainmise de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) sur la tripartite et son admission comme seul vis-à-vis reconnu du gouvernement. Ils lui reprochent de s'approprier les revendications sociales qu'ils soulèvent eux-mêmes tout au long de l'année et affirment qu'elle ne les représente pas.Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), nous dit à ce propos, «on ne peut pas être représenté par un syndicat qui n'est pas présent, qui n'est pas ancré. Nous sommes par exemple dans la fonction publique, 1,5 million à 2 millions de travailleurs (en comptant les contractuels qui sont dans une situation précaire), qui sont représentés principalement par des syndicats autonomes». Même son de cloche du côté de l'UNPEF (Union nationale des travailleurs de l'éducation et de la formation) dont le président Sadek Dziri affirme que ce syndicat demande à participer à la tripartite depuis 1997. «Jusqu'à présent il y a un syndicat unique qui représente les travailleurs dans cette rencontre sous prétexte qu'elle a la plus grande représentativité à travers le pays, ce qui n'est pas le cas notamment dans la Fonction publique». La primauté donnée à l'UGTA dérange, d'autant que les syndicats autonomes ont l'impression qu'en matière de revendications, la centrale syndicale n'apporte rien de nouveau. «Les revendications traitées ne sont pas nouvelles. Elles ont toujours été défendues par les syndicats autonomes», indique M. Merabet. Il cite en exemple le cas de l'article 87 bis est là «pour plafonner négativement les salaires des travailleurs». Il en est de même pour la question de la révision du SNMG, étroitement liée à celle du pouvoir d'achat. «Relever les salaires et le SNMG à un niveau conforme à la réalité de la vie dans notre pays sont une question qui n'a même pas fait l'objet de discussions entre le gouvernement et les syndicats autonomes que nous sommes», indique le représentant du syndicat. Le président de l'UNPEF affirme, quant à lui, que son organisation a «été la première à poser la question de l'IRG pour que les salaires ne soient plus pénalisés et nous avons fait une grève pour cela, mais à la fin, c'est l'UGTA qui fait sienne ces revendications». Pour M. Merabet, la manœuvre vise à «essayer de montrer que le gouvernement a répondu favorablement à des revendications de l'UGTA, alors qu'en réalité, elles ne lui sont pas propres». Partenaire conciliant D'ailleurs, selon lui, les représentants de l'UGTA ont tendance à avaliser des décisions qui ne sont pas vraiment positives pour les travailleurs. Ce sont ces représentants, nous dit la même source, «qui ont tout fait pour plafonner le SNMG à des niveaux dérisoires et maintenir les salaires misérables des travailleurs algériens au niveau actuel. Il y a un an, l'UGTA a donné son aval pour qu'il soit mis fin à la disposition de la retraite anticipée». Selon lui, la centrale syndicale est en phase de «décrédibilisation» du fait qu'elle tend à représenter les travailleurs d'une manière «très mauvaise et très maladroite». Cette organisation «a validé et applaudi toutes les mesures qui ont été décidées auparavant (plus de dix ans) et qui n'ont rien apporté au niveau du pourvoir d'achat, des postes de travail à pourvoir ou au niveau économique et la réouverture des entreprises fermées», conclut-il. A l'heure où le gouvernement prône les réformes, les exclus de la tripartite s'étonnent encore de leur exclusion quand parmi eux figurent des organisations et des syndicats officiellement reconnus. «S'il y a plusieurs représentants de syndicats reconnus par le gouvernement, c'est qu'ils sont représentatifs et cela prouve qu'en Algérie il y a une démocratie», relève Mme Khedidja Belhadi, présidente fondatrice de l'Association des Algériennes managers et entrepreneurs. Selon elle, ils «représentent une force contradictoire et donc constructive». Leur exclusion permanente des réunions de la tripartite ne se justifie donc plus dans le contexte d'ouverture et de concertation prônée et officiellement portée par le chef de l'Etat.