C'est, une nouvelle fois, une impressionnante marée humaine qui a déferlé, hier dans l'après-midi, dans les rues du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, pour le huitième vendredi consécutif, avec le même mot d'ordre majeur, le départ de tout le système en place depuis l'indépendance du pays. Après les sept semaines d'immenses manifestations, la population de cette région de la Basse-Kabylie à l'instar des autres régions du pays a réinvesti massivement le terrain de la lutte pacifique pour réitérer l'exigence d'un changement radical du système. «On veut un changement radical du système et non un changement dans le système», l'un des mots d'ordre repris dans l'une des dizaines de banderoles et autres pancartes brandies lors de la marche constitue une réponse clairement affichée par la population béjaouie pour exprimer son rejet de Abdelkader Bensalah, du gouvernement Bedoui et de l'ensemble des symboles de ce système fortement décrié depuis le début de la révolte populaire. Pour ce premier vendredi après la désignation du nouveau chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, après que le peuple eut poussé à la sortie Bouteflika et sa fratrie d'un pouvoir sans partage depuis vingt ans, il faut dire que la mobilisation citoyenne s'est davantage accentuée à travers la wilaya de Béjaïa avec la même ferme détermination de faire dégager toutes les figures incarnant le système et imposer une véritable transition démocratique pour que le peuple puisse enfin exercer sa totale souveraineté. En effet, ils étaient encore une fois des centaines de milliers de personnes, venues de toutes les municipalités de la wilaya, à affluer vers la ville de Béjaïa dès le milieu de la journée pour faire entendre leurs voix et dire non au maintien d'un régime politique voyou, corrompu et corrupteur à travers ces mêmes dirigeants qui lui ont servi de béquilles depuis des dizaines d'années. Comme lors des précédentes marches, hommes, femmes de différentes tranches d'âges, des centaines de familles dont certaines avec des bébés drapés des couleurs nationales et de l'emblème amazigh, dans une ambiance de fête ont défilé en reprenant en chœur des chants fustigeant le système durant plusieurs heures à travers les principales artères de Béjaïa. «Système dégage !», «Bensalah, Bedoui, Belaïz berra !», «Gaïd Salah dégage !», «Pouvoir assassin !», «ulac smah ulac !», «Barakat , barakat, la lilhoukm el aissabat (non au pouvoir de la maffia), «Djazaïr houra dimocratia !», «la Salah, la Bensalah, système rayah rayah !» ont été autant de slogans scandés par l'impressionnante marée humaine sous des youyous stridents des femmes présentes en force. «Primauté du civil sur le militaire !», «Pour une véritable transition démocratique avec de nouvelles figures !», «FLN, RND, MPA, TAJ berra !», «L'armée dans les casernes pour protéger le peuple !», «Pour une république laïque et démocratique !», «Une réponse policière a des revendications politiques !», «Ni recyclage, ni bricolage, ni cafouillage, système des clans dégage !», ont été également entre autres quelques mots d'ordre portés sur des banderoles et autres pancartes brandies lors de cette grandiose marche. Il convient de signaler que Saïd Sadi, l'ancien président du RCD et le défenseur des droits de l'Homme Mokrane Aït Larbi étaient également présents à la marche de ce vendredi à Béjaïa. Le Dr Saïd Sadi qui a été quelque peu chahuté par un groupuscule d'individus manipulé à Béjaïa et Mokrane Aït Larbi à Alger la semaine passée ont été fortement salués Béjaïa. Des posters de l'ancien leader politique du Rassemblement ont été brandis par des manifestants lors de la marche. «Lutte démocratique pour la liberté d'expression pour les droits de l'Homme, pour l'identité amazighe et la laïcité», l'on pouvait lire sur une large banderole avec son poster brandie par des manifestants en signe de reconnaissance au combat mené par Sadi depuis plusieurs dizaines d'années. «Même si on peut avoir des divergences avec ces deux figures politiques, on n'acceptera jamais que des individus manipulés par les services que Saïd Sadi soit attaqué sur cette terre, bastion de la démocratie pour laquelle il a toujours combattu», a martelé un manifestant lors de la marche sous les applaudissement de la foule. A. Kersani