Pour le neuvième vendredi consécutif, la population de la wilaya de Béjaïa a été, une autre fois, comme les précédentes semaines, au rendez-vous, hier, à travers une grandiose marche populaire pour réitérer l'exigence du départ du système et la mise en place d'une véritable transition démocratique dans le pays. Les premiers groupes de manifestants ont commencé à se constituer dès les premières heures de la matinée avant d'être rejoints par des milliers de marcheurs en milieu de journée pour former au.moment de l'entame de la marche vers 13h30 une verticale marée humaine. L'impressionnante procession s'ébranle pour arpenter les principales artères de la capitale des Hammadites dans une ambiance de fête. Les manifestants, issus de différentes couches de la société, drapés de l'emblème national et celui amazigh, ont réclamé le départ de tous les symboles de ce système politique fortement décrié, citant plus particulièrement Bensalah, Bedoui et son gouvernement mais également Gaïd Salah chef d'état-major et vice-ministre de la Défense. «Bensalah, Bedoui, dégagez !», «Gaïd Salah dégage !», «dégagez tous, laissez-nous construire l'Algérie !», «Touchez pas à la dignité de l'étudiant», «l'Algérie est la richesse du peuple et non la richesse des criminels !» «Klitou l'blad ya seraqine !», «Le peuple s'engage pour une deuxième République» ont été autant de slogans scandés par les manifestants. Arrivés à hauteur du quartier CNS à quelques encablures du siège de la Wilaya, l'immense foule a observé une minute de silence à la mémoire des martyrs du printemps noir 2001 et du printemps berbère 1980 en présence de Nadia Matoub, la veuve du rebelle qui a tenu à participer à la marche de constatation du système à Béjaïa. Les manifestants ont repris longuement des slogans fustigeant le pouvoir... «Ulac smah ulah !», «Pouvoir assassin !», «Ulac l'vote ulac !», «A bas la répression, liberté d'expression !» ont été aussi les quelques mots d'ordre criés par la foule à Béjaïa tout en appelant au respect de la volonté du peuple réclamant une vraie transition gérée par des personnalités «civiles et crédibles», non impliquées dans des affaires de corruption et qui n'ont pas aussi soutenu le régime. Tout au long de la marche, dans une parfaite organisation et n'ayant enregistré le moindre incident, la déferlante humaine n'a pas cessé d'entonner des chants et de scander des mots d'ordre réaffirmant la détermination du peuple à ne rien lâcher et à poursuivre le mouvement de protestation jusqu'à la consécration de la totale souveraineté populaire. Par ailleurs, il convient de signaler que les maires, les élus de l'Apw de Béjaïa ainsi que des députés du RCD et du Ffs de la wilaya de Béjaïa ont pris part à un rassemblement à l'intérieur du siège de la Wilaya pour marquer cette date du 18 avril prévue initialement pour la présidentielle avortée par la mobilisation populaire pour le départ du système. Le rassemblement des maires de Béjaïa, qui ont pour rappel annoncé ces derniers jours leur refus d'encadrer et d'organiser le scrutin du 4 juillet prochain et des élus communaux et de wilaya ainsi que certains parlementaires de l'opposition, se veut une autre occasion, a-t-on indiqué, de réitérer leur soutien au mouvement populaire pour un changement radical du système. A. Kersani