La preuve que nous sommes un pays d'hydrocarbures, tous les vendredis nous faisons le… … plein ! Au moment où les télévisions-cachir ont visiblement été instruites de multiplier les sujets sur la malvie et surtout sur les revendications d'ordre socio-économique, la rue, elle, a fait tomber une demande dans la désuétude. Comme ça, sans sembler y toucher, discrètement et intelligemment. Une sorte de demande commandite, qui avait été suscitée par les substrats du Palais. Un machin jouet-gadget que l'on se refilait tous les vendredis comme un leitmotiv, voire une fin en soi. Un os à ronger. Que nous avons avidement rongé, jusqu'à ce dernier et dixième vendredi où cette revendication-là précisément s'est estompée, a littéralement disparu des pancartes et chants. Quelle revendication ? Celle du départ des 3 B. Ou des 4 B, c'est selon la version qui avait été vendue. La rue, Madame la RUE et Monsieur le PEUPLE ont recentré l'enjeu : Yetnahaw Gaâ ! Je pense que les « officines du pouvoir constitutionnaliste » ont dû saisir le danger qui ont soufflé à leurs télévisions-mangeoires l'axe à privilégier dans les jours à venir. Le logement. Le prix des produits de large consommation durant le Ramadhan. La gestion catastrophique des collectivités locales, vachement locales, et surtout pas au-delà, et quelques hommes d'affaires monteurs de pare-brises et souffleurs de pneus. Et surtout pas l'écho de cette rue qui elle demande et redemande le départ du système – pas de ses gadgets – en entier, comme cause matricielle du drame algérien. La RUE est admirablement coquine qui affiche maintenant ouvertement son dédain pour ce jeu d'alphabet infantilisant dans lequel on a voulu l'enfermer, à abattre, dans un jeu de dominos au ralenti, les B, puis à flinguer les C, puis à passer doucement, au rythme impulsé par les douves du Palais aux lettres suivantes. La RUE a mis le feu à la liste des 28 lettres. Ni A ! Ni B ! Ni G. Tous ! C'est tous ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.