Comme il fallait s'y attendre, la population n'a pas tardé à faire connaître sa position vis-à-vis de ce qui s'était passé mardi avec l'installation d'Abdelkader Bensalah à la tête de l'Etat pour une période de 90 jours. Hier, tôt le matin, des milliers de fonctionnaires des différentes directions et autres organismes publics et privés ont répondu à l'appel de la grève et ont marché à travers les principales artères de la ville de Bouira. Avec banderoles et autres pancartes, ainsi que des drapeaux aux couleurs nationales et amazighes, les milliers de marcheurs scandaient à répétition « Yetnahaw Gaâ » (Ils vont tous partir ), « Dégagez tous », ou encore « Bensalah dégage ! », « Bedoui dégage ! », « Bélaïz dégage ! » et autres « Ghadhiboun, ghadhiboun, li Bensalah rafidhoun » ( nous sommes en colère, nous refusons Bensalah ), alors que sur certaines banderoles, on pouvait lire « La 90 youm, la 90 daqiqa ; Bensalah yetnaha ki Bouteflika » «Ni 90 jours, ni 90 minutes, Bensalah partira comme Bouteflika » ou encore « Appliquez l'article 7 de la Constitution : Bensalah n'est pas notre président .» Ils étaient, en effet, des milliers de fonctionnaires , hommes et femmes, à battre le pavé pour converger vers l'esplanade de la Maison de la Culture Ali-Zamoum , qui était, au fil des heures, parée des couleurs de l'emblème national et celui des Amazighs, alors que les cris de « Djazaïr horra dimocratia », et autre « Système dégage ! » fusaient à plusieurs centaines de mètres à la ronde, attirant , au fil des heures, d'autres fonctionnaires issus des autres directions mais aussi de simples citoyens. Vers 12 heures, alors que la place était bondée de monde, les milliers de présents ont entonné en chœur des chansons patriotiques comme « Min adjlika 3ichna ya watani » (Pour toi, nous vivons ô Patrie), ou encore l'hymne national « Qassaman ». Et voyant que le lieu ne pouvait plus contenir ce beau monde qui était très motivé et décidé à poursuivre le combat pour faire aboutir la principale revendication , à savoir « ils partiront tous », les organisateurs ont opté pour une marche le long du principal boulevard Krim-Belkacem, avant de bifurquer vers la rue Boussandala , puis retour vers le principal boulevard et poursuite de la marche vers la place des Martyrs située au centre-ville. Tout au long de ce long parcours, les marcheurs scandaient des slogans anti-pouvoir et criaient à qui voulait les entendre qu'ils ne voulaient pas des Bensalah, Bedoui, Belaïz, Bouchareb, et tous les symboles du système, « surtout ceux qui ont accompagné Bouteflika durant son règne de prédation et de rapine », dira Djamel, délégué du mouvement citoyen de Bechloul qui a toujours été présent dans toutes les marches depuis le 22 février dernier, et qui ne veut, en aucune manière, à l'instar des dizaines de marcheurs dont des cadres de certaines directions, que « l'élan citoyen qui a ébahi le monde entier soit spolié ou récupéré par quelque clan que ce soit issu de ce système ». En effet, tous ceux qui ont marché hier étaient unanimes à dire que la mobilisation se poursuivra jusqu'à ce que tous les responsables actuels partent. D'ailleurs, la veille déjà, une réunion a été tenue par des jeunes issus des quartiers de la ville de Bouira pour bien encadrer la marche de demain vendredi, afin qu'elle soit une réussite et historique, avec des mots d'ordre bien concertés et un itinéraire bien défini, pour permettre aux pompiers et autres véhicules transportant des malades d'emprunter les chemins de détour vers l'hôpital. Y. Y.