L'appréhension est dans tous les esprits, voire sur toutes les lèvres : comment sera poursuivi le mouvement populaire né le 22 février durant le mois de Ramadhan qui interviendra dès la semaine prochaine et la période des grandes chaleurs qui s'annonce ? M. Kebci - Alger (Le Soir) - Certes, des appels sont d'ores et déjà lancés sur les réseaux sociaux, pour la poursuite des marches durant le tout prochain Ramadhan mais une appréhension plus que justifiée est palpable d'autant plus que plus d'un, s'inquiète quant à l'avenir de cette dynamique populaire sans précédent dans le pays avec une sérieuse hantise, celle ayant trait à son éventuel essoufflement. Ceci d'autant plus que, comme le soulignait, hier dimanche, un étudiant de l'Université de Bab-Ezzouar fortement impliqué dans cette révolution tranquille, le pouvoir, «loin de céder sur l'essentiel, joue la carte de l'usure». Pour notre interlocuteur, le tout prochain Ramadhan sera, contrairement à ce que redoutent certains et ce que souhaitent d'autres, c'est selon, une «bénédiction» pour le mouvement populaire en ce sens, soutient-t-il, qu'il ne signifiera en aucune façon, son arrêt. Bien au contraire, explique-t-il, il sera une halte pour faire le bilan des deux mois de contestations tous azimuts avec la poursuite des débats déjà lancés autour surtout des perspectives et du rythme à imprimer au mouvement. Il s'agira, affirme le président de RAJ (Rassemblement Actions Jeunesse) de «réinventer d'autres formes de lutte et d'organisation». Ceci à travers le lancement, ou plus justement, de l'intensification des débats, des discussions autour de ce qui a été déjà engrangé mais aussi et surtout d'initier la réflexion sur les défis et les perspectives de ce qu'il considère comme processus révolutionnaire qui prendra du temps. Abdelkader Fersaoui estime que ce Ramadhan 2019 sera l'occasion idoine pour «réhabiliter le politique» à l'effet, poursuit-il, de créer les «synergies nécessaires entres les différentes dynamiques et initiatives politiques». Ceci non sans que notre interlocuteur rappelle que de tous les 10 vendredis du mouvement populaire, le dernier en date fut et de loin, le «plus politique» en ce sens, selon lui, qu'il a permis de «dévoiler les réelles intentions du pouvoir qui fait tout pour que rien ne bouge». Même s'il n'exclut pas la poursuite des marches durant ce prochain Ramadhan, le président de RAJ estime que celles-ci reprendront juste après car c'est une «mobilisation dans la durée». Car «escompter un essoufflement du mouvement en spéculant sur les effets du Ramadhan ou les désagréments des chaleurs qui arrivent serait le signe de l'autisme propre aux dirigeants illégitimes que l'arrogance, généralement sous tendue par l'affolement, empêche d'apprendre de l'Histoire », estimait, hier dimanche, Saïd Sadi dans une énième contribution, lui qui ne manque pas de suivre de près le mouvement populaire en cours. M. K.