La question se posait chez beaucoup, au début tout en étant teintée d'une grosse pointe d'humour. On marchera même si on est rattrapés par le Ramadhan, disait-on dès les premières marches dans les processions partout à travers le pays puis sur les réseaux sociaux, emportés par l'euphorie suscitée par l'extraordinaire mobilisation. Voilà, maintenant on y est. C'est le Ramadhan et le Hirak est toujours vivant. Alors comment s'y prendre pour maintenir la dynamique ? La mobilisation active pour la poursuite du mouvement du 22 février et la pratique du Ramadhan, autrement dit, le mouvement populaire à l'épreuve du Ramadhan. Une sacrée équation qui commençait déjà à se poser il y a quelques semaines, lorsqu'il devenait plus ou moins loisible à tout le monde de voir que le pouvoir, ou ce qu'il en reste, n'allait pas lâcher aussi facilement et, ainsi, céder à l'exigence du peuple qui veut qu'ils partent tous ! Nous voilà donc en plein dedans, en pleine interrogation sur la forme et la manière que prendra la suite du mouvement de protestation en ces jours du mois sacré qui ne fait que commencer. Vraiment pas facile de «marier» les deux, mais à en croire certains sur les réseaux sociaux, il n'y a vraiment pas de quoi s'en faire. «La protestation a commencé dans l'ingéniosité et elle se poursuivra dans l'ingéniosité», assure un activiste de la capitale qui concède tout de même que «le Ramadhan change quelque chose de fondamental dans le Hirak, parce qu'il y a le Hirak d'avant le Ramadhan, et il y a le Hirak pendant le Ramadhan». Ce à quoi lui a répondu, avec humour, un abonné à la même page que la seule différence entre le Hirak de la semaine dernière et celui de vendredi prochain c'est que pour ce dernier on aura… le ventre vide ! Catégoriques, beaucoup assurent que la désormais rituelle manifestation du vendredi, ils ne la rateront sous aucun prétexte même si, en même temps, ils croisent les doigts pour que le soleil ne tape pas fort, vendredi prochain, le jour de l'acte 12 des manifestations hebdomadaires et les autres vendredis qui s'annoncent puisque Bensalah et Gaïd Salah veulent aller à leur élection présidentielle du 4 juillet. Ramadhan ? Il en faudrait apparemment plus pour décourager le révolutionnaire qui se cache dans chaque Algérien depuis le 22 février. Sur les forums engagés à travers des pages de groupes dédié au Hirak, il est rare de trouver un de ces habitués des marches à se plaindre que cela coïncide avec le mois de la piété. C'est vrai que cela pourrait causer plein d'inconvénients à ceux qui viennent d'en dehors de la capitale, même à quelques dizaines de kilomètres à peine, mais, comme le laissent entendre des militants d'Alger-Centre, il y a des initiatives qui sont discutées depuis deux - trois jours pour mettre sur pied des actions en parallèle aux manifestations habituelles qui vont épater le monde. Un iftar géant pour les vendredis après les marches ? Apparemment, c'est ça l'idée qui se dégage le plus, puisque l'écrasante majorité des avis, dans un groupe dédié au Hirak parmi les plus actifs sur le réseau Facebook, est pour le maintien de la marche du vendredi. Et puis, il y a d'autres propositions qui, évidemment, vont toutes dans le sens du maintien à tout prix du mouvement, avec des sorties nocturnes cette fois «s'il le faut chaque soir durant tout le mois de Ramadhan» comme le propose une dame. C'est dire, donc, si le mois sacré n'apparaît pas comme un fardeau pour les marcheurs du vendredi et des autres jours de semaine, convaincus que seule leur mobilisation fera infléchir le reste du pouvoir pour accéder au vœu du peuple. M. Azedine