Le président de Jil Jadid estime que l'unique sortie de crise actuellement réside dans l'organisation d'une phase de transition assez courte. Pour aller vers cette transition, Soufiane Djilali appelle à entamer des négociations «avec le véritable détenteur du pouvoir », qui est l'armée. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Soufiane Djilali qui s'est exprimé hier sur les ondes de la Radio nationale chaîne 3, a indiqué que tout le monde converge vers l'organisation d'une phase de transition comme étant l'unique solution de sortie de crise. Cette période, dit-il, doit cependant être assez courte, pour permettre de créer les conditions d'aller vers des élections destinées à désigner un Président chargé d'entamer les réformes «dont a besoin le pays». Pour cela, déclare-t-il, il faut entamer des négociations avec le véritable détenteur du pouvoir», à savoir l'institution militaire. Le pouvoir, dit-il, a été désormais transféré de la présidence de la République vers l'état-major de l'armée, laquelle, dit-il, pour des raisons historiques reste «un acteur essentiel surtout dans des moments de crise». «A partir du moment où le chef de l'Etat est dans l'incapacité d'agir, autant travailler avec le réel, et engager un vrai dialogue avec le centre du pouvoir pour s'entendre sur une formule qui consiste en gros à mettre en place une présidence de l'Etat avec des figures acceptées par tout le monde, à commencer par les Algériens, et dont les objectifs seraient bien définis afin d'opérer les changements nécessaires pour aller vers des élections libres et transparentes», a expliqué l'invité de la rédaction. Il a souligné que le chef de l'état-major donne des consignes chaque semaine et c'est lui qui donne le la. «Nul n'est dupe, tout le monde sait que le centre de décision est au niveau de l'armée, et le centre de gravité du pouvoir est à ce niveau-là, mais l'armée est interpellée pour accompagner cette phase-là et non pas pour la gérer ou décider de l'avenir», a déclaré le président de Jil Djadid. Pourquoi ce ne sont pas les partis politiques qui devront accomplir ce rôle d'aller vers une transition ? Soufiane Djilali estime que les partis politiques n'ont pas été défaillants, mais ils étaient marginalisés et discrédités par l'ancien régime. «Comment voulez-vous qu'ils accomplissent leur rôle au moment voulu ?» s'interroge-t-il. Par ailleurs, Soufiane Djilali estime qu'il est impossible que les élections du 4 juillet soient tenues. Il a expliqué que «théoriquement, si l'on doit suivre les lois, les candidats potentiels doivent déposer leurs dossiers au Conseil constitutionnel vers le 25 mai, or, il n'y a toujours pas de collecte de signatures ni de pré-campagne, ni de candidats sérieux». Selon lui, les conditions ne sont pas réunies et il a rappelé aussi que les magistrats et les maires refusent d'accompagner le processus électoral et le fichier électoral n'a pas été rouvert. «Maintenant si le régime nous impose les élections du 4 juillet, cela veut dire qu'il a un candidat caché, qu'il nous imposera au nom du respect de la Constitution», estime l'intervenant. D'ailleurs, selon lui, ce n'est pas le moment d'ouvrir des procès aussi complexes. Dans le contexte actuel, dit-il, «cela relèverait d'un règlement de comptes entre clans». Soufiane Djilali n'est pas, non plus, contre le fait que la période de transition soit gérée par Liamine Zeroual et Taleb Ibrahimi. Selon lui, ce sont deux figures qui ne présentent pas d'ambitions personnelles et peuvent aider à dépasser la crise actuelle. Et le plus important, dit-il, c'est que les deux ont une belle image auprès du peuple. S. A.