Demain, sera le premier vendredi «ramadhanesque» de la mobilisation du peuple contre le système. Pour maintenir la mobilisation intacte, des appels sont lancés sur les réseaux sociaux pour participer aux marches du 12e acte des manifestations massives. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - A côté des appels à manifester, des initiatives sont lancées pour faire du mois sacré une opportunité de consolider la solidarité populaire et renforcer l'unité du peuple, de débattre des questions de l'heure qui engagent le pays dans des rencontres nocturnes et mobiliser davantage les populations. Objectif : maintenir le flambeau de la révolution jusqu'à l'aboutissement du projet du départ du système politique et l'instauration d'une nouvelle République qui consacre un évitable Etat de droit avec tout cela implique en matière de liberté et de justice. Les gilets oranges, qui ont fait leur apparition à Alger au 8e vendredi, dans le but d'éviter tout affrontement en s'interposant entre les marcheurs et les forces de l'ordre afin de préserver le pacifisme des marches hebdomadaires, viennent de lancer une nouvelle initiative. Il s'agit d'un iftar collectif à, la place Audin et à la Grande poste. «Nous avons lancé cette idée avec les étudiants d'El Harrach. Tout est prêt pour ce vendredi. C'est un iftar qui sera organisé avec nos propres moyens et sans aucune autorisation car cela implique la participation de l'administration. Donc il n'y aura pas de tables. Des repas complets seront offerts aux manifestants, surtout les gens qui habitent loin et qui viennent participer aux marches à Alger », explique au Soir d'Algérie, Toufik Amrane, gilet orange, initiateur de l'opération. Quant au financement de l'opération, notre interlocuteur fait savoir que tout est pris en charge par des bénévoles. «Nous avons cotisé pour confectionner de nouveaux gilets frappés du drapeau national. Et comme le fabriquant s'est proposé pour les faire gratuitement, on a orienté l'argent collecté vers cette opération de l'iftar collectif», a-t-il précisé. D'autres appels à des iftars collectifs à Alger sont lancés. «Après la marche pacifique à laquelle le peuple algérien nous a habitué, il est arrivé le tour des iftars collectifs et ce pour unifier nos rangs durant ce mois sacré et prouver à la bande que nous sortirons durant le Ramadhan et les Aïds. Vous allez partir, c'est que partirez !», lit-on sur l'affiche d'un appel. Ces initiatives ainsi que les marches des étudiants de ce mardi ont redonné confiance aux citoyens quant à la poursuite de la mobilisation. En effet, le jeûne ne peut en aucun cas justifier l'abandon d'une Révolution candidate au prix Nobel de la paix au milieu du chemin. Le président de l'association Rassemblement, action, jeunesse (RAJ), Abdelouahab Fersaoui, estime que le mois de Ramadan va donner un nouveau souffle au mouvement contrairement à ceux qui attendent son essoufflement. Contacté par nos soins, le président de RAJ a expliqué que la marche des étudiants au niveau national est un bon indice et encourageant pour l'avenir du mouvement. «Les algériennes et les algériens vont sortir comme d'habitude ce vendredi car ils sont conscients des enjeux, ils ne vont pas accepter à ce que cette révolution pacifique qui a attiré l'admiration du monde entier soit confisquée. Ce mouvement est historique, c'est une opportunité à ne pas rater pour instaurer définitivement l'Etat de droit et démocratique », a-t-il soutenu. Il estime que la poursuite du mouvement et de la mobilisation pacifique au niveau national est le seul garant de son issue positive. «Il y aura d'autres formes de mobilisation durant le mois de Ramadhan, en plus les marche de vendredi il y aura des forums et débats au niveau national, durant la journée et après le ftoor, pour discuter du mouvement, de son avenir et du changement démocratique souhaité. Ça sera aussi un mois de synergie et des jonctions entre les différentes dynamiques au niveau national», a-t-il encore ajouté. Le même optimisme est partagé par Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'hommes (LADDH), qui pense que la lame de fond qui traverse ce mouvement est intacte, quels que soit la forme que prendre la mobilisation. «La marche de vendredi aura lieu. Peut-être pas avec la même envergure, mais il faut voir le mouvement dans l'ensemble de sa dynamique. Chaque jour, les citoyen-ne-s s'organisent, débattent et se rencontrent. Hier, il y a eu la marche des étudiant-e-s qui est déjà un indice de cette mobilisation qui est intacte et qui s'inscrit déjà dans la durée», prévoit-il, en se disant confiant pour la suite des événements. K. A.