Ni l'usure du temps, ni la fatigue découlant d'une journée de jeûne, ni la chaleur estivale de ce week-end, ni la soif qui a asséché les gorges , ni les tergiversations, bien des gens les considèrent comme des coups bas que le pouvoir assène au peuple algérien, ne sont venus à bout de cette énergie et de cet enthousiasme qui se dégageaient de l'imposante foule qui est sortie hier à Boumerdès-Ville, ou dans les grandes agglomération de cette wilaya comme Dellys, Laâziv et Bordj-Menaïel où nos sources nous certifient que la mobilisation est intacte pour démontrer qu'elle ne compte pas revenir en arrière sur ses revendications. Au chef-lieu de la wilaya, vers 14 heures, la foule a chanté le premier couplet de Kassamen avant de s'ébranler sous une chaleur sévère. Dès le départ de la marche, les manifestants ont pris pour cible Gaïd Salah « Djeïch dialna ou Gaïd Salah khan'na ! (L'armée est à nous, Gaïd Salah nous a trahis) ». « Ya Gaïd chaâb machi djayah ! ( Gaïd, le peuple n'est pas dupe) ». Sofiane, 52 ans, explique cette charge contre le patron de l'armée : «Les jeunes l'accusent d'être assis sur les deux bords. J'espère que cette divergence ne deviendra pas une confrontation avec notre armée.» Pour Sofiane, le discours de Bensalah est d'un niveau très bas. «L'Algérie ne mérite pas cette humiliation. Ce bonhomme va nous rendre fous ! Nous lui disons qu'il n'y aura pas de vote jusqu'à ce qu'ils partent tous lui et Bedoui !» Très rapidement, la foule lui donne raison. «Makach el vot maâ el issaba !( pas de vote avec la bande) ». Comme à son habitude, la foule était composée de personnes de tous les âges. Elle défilait sereinement dans une ambiance festive. Pour mettre de l'ambiance, un groupe d'ados a chanté brièvement « Rana saimine habina el bourek ! ( nous jeûnons, nous voulons des bourek)». Avant d'être rappelés à l'ordre par un adulte. Ce vendredi, il y avait probablement un peu moins de femmes — à cause du Ramadhan — mais la gent était bien présente. Le long de l'itinéraire habituel, les marcheurs ont repris les refrains dont la marque déposée revient à la révolution du 22 février. «Serakine ou khedaïne ou igoulou moudjhahidine! ( des voleurs et des traîtres, ils se disent moudjahidine)», a fait son apparition. Dans leurs chants, les marcheurs insistaient sur Gaïd Salah qu'ils ont copieusement fustigé, les B auxquels ils demandaient de dégager et leur opposition aux élections du 4 juillet. Abachi L.