L'âge et les scandales n'ont pas altéré sa soif de victoires : à 37 ans, le champion du monde du 100 m Justin Gatlin ne veut toujours pas entendre parler de retraite et compte bien rester sur le devant de la scène jusqu'aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020 pour continuer à narguer encore un peu plus les jeunes loups du sprint. L'Américain, qui sera la tête d'affiche du relais 4x100 m US en finale des Mondiaux de relais aujourd'hui à Yokohama, est un véritable dinosaure à la passion toujours intacte pour son sport. Les affaires de dopage qui ont jalonné sa longue carrière et terni sa réputation auraient pu provoquer chez lui méfiance et soupçon mais le natif de New York reste extrêmement abordable et garde le sourire, loin de l'image arrogante qui colle aux basques des bolides venus d'outre-Atlantique. Gatlin, au palmarès long comme le bras, avec notamment un titre de champion olympique (100 m en 2004) et trois médailles d'or mondiales (100 m et 200 m en 2005, 100 m en 2017), est tout simplement heureux d'être là et de continuer à courir, vite. «Je connais mon âge mais je ne sens pas le poids des ans, confie-t-il. Je me sens encore jeune, en pleine forme et je m'entraîne avec de jeunes athlètes. Par contre, j'ai de l'expérience et je sais saisir les opportunités.» Féroce concurrence Il aurait pourtant de quoi exprimer lassitude et frustration au terme d'un parcours professionnel dont on ne retient surtout que ses deux suspensions pour dopage (entre 2001 et 2002 puis entre 2006 et 2010). Gatlin a été marqué au fer rouge par ces deux épisodes mais tâche de faire bonne figure. Comme quand il s'est prosterné devant Sa Majesté Usain Bolt après avoir gâché les adieux de la légende du sprint en s'emparant du titre mondial du 100 m en 2017 sous les sifflets du stade olympique de Londres. Quelques mois plus tard, c'est son entraîneur d'alors Dennis Mitchell qui était piégé par un journaliste du Daily Telegraph, proposant au reporter de fausses prescriptions médicales pour obtenir des produits dopants, tout en épinglant les pratiques douteuses de Gatlin. Le coureur a rompu les liens avec ce coach encombrant, remplacé par Brooks Johnson (85 ans), mais cet épisode n'a pas arrangé son cas. Mais ce nouveau coup dur n'a pas altéré sa détermination, ni même la féroce concurrence à laquelle il doit désormais faire face sur la ligne droite à l'heure de l'émergence de ses deux compatriotes Christian Coleman (23 ans), son dauphin à Londres et l'homme le plus rapide de 2018 sur 100 m (9 sec 79) qu'il qualifie de «prochain grand athlète américain», et Noah Lyles (21 ans).