Octuple champion olympique, Bolt mettra un point final à sa somptueuse carrière en août après les Mondiaux de Londres, où il doit s'aligner seulement sur 100m Sans lien de cause à effet, la prochaine retraite de Sa Majesté jamaïquaine Usain Bolt, tyran du sprint pendant une décennie, coïncide avec une effervescence planétaire de la vitesse masculine grâce à l'émergence d'une génération exceptionnelle. «Ça n'a rien à voir. Même avec lui (Bolt), ils seraient bien arrivés. En revanche, son départ peut en motiver certains, les libérer psychologiquement», remarque Pierre Carraz, entraîneur de Christophe Lemaitre, le médaillé de bronze du 200 m des jeux de Rio. Octuple champion olympique, Bolt mettra un point final à sa somptueuse carrière en août après les Mondiaux de Londres, où il doit s'aligner seulement sur 100m. Sur la lancée de ses trois médailles à Rio, Andre de Grasse est l'héritier naturel du roi, eu égard à ses 22 ans et une vélocité tout en légèreté. Mais de plus jeunes encore déboulent, à commencer par l'Américain Noah Lyles, qui aura 20 ans le 18 juillet. Vainqueur du 200m aux Jeux de la Jeunesse en 2014 à Nankin (Chine), le grand gabarit de Virginie avait confirmé son potentiel en 2016, quatrième sur le demi-tour de piste aux sélections US. En remportant en 19 sec 90/100e le 200m (sa distance de prédilection) de l'étape Ligue de diamant de Shanghai, le 13 mai dernier, Lyles est entré dans la cour des grands. «Comme le bon vin» «C'est comme le bon vin, il y a des crus exceptionnels. Les 50 derniers mètres de Lyles à Shanghai, c'était incroyable», explique Salvino Tortu, père et entraîneur de Filippo Tortu. Ce jeune Italien, né en 1998, avait terminé deuxième du 100m aux Mondiaux juniors 2016, derrière justement Noah Lyles. Ce dernier est suivi par Lance Brauman, ex-coach des pointures Tyson Gay et Veronica Campbell-Brown. Les Etats-Unis, «qui produisent toujours de grands champions», selon M. Carraz, possèdent un réservoir intéressant d'autres jeunes (Trayvon Bromell, Christian Coleman) déjà sous les 10 secondes sur la ligne droite. Pierre Carraz et Salvino Tortu mettent en exergue, à travers cette ébullition, «une mondialisation» du sprint masculin, confinée ces dernières décennies aux Etats-Unis et aux Caraïbes. «On peut même parler d'école sud-africaine», précise Salvino Tortu. Akani Simbine, une boule (1,76 m/75 kg) de 23 ans, est le chef de file de cette école. Il a dominé le 100m de Doha en 9 sec 99/100e, chrono remarquable face au vent (-1,2 m/s) et à la vieille garde (le Jamaïquain Asafa Powell et l'Américain Justin Gatlin, 35 ans). «J'ai employé quelques années à choisir entre le football et l'athlétisme», souligne Simbine. Encore loin des records Sur 200m, la nation arc-en-ciel dispose déjà d'une valeur sûre, Wayde Van Niekerk. Le champion olympique du 400m doublera tour et demi-tour de piste aux Mondiaux de Londres, prévus du 4 au 13 août, avec l'objectif de décrocher deux médailles d'or. Mais on ne remplacera pas le vide que laissera Usain Bolt, déjà légende avant que de quitter la scène. La Jamaïque s'en remet à Yohan Blake, 27 ans, qui vient de signer un probant 9 sec 93/100e après plusieurs années de blessures. La montée en puissance de l'Asie se confirme. Plus encore que de la Chine de Su Bingtian, le souffle vient du Japon, dont le relais 4x100m a été médaillé d'argent aux Jeux de Rio. Aux portes du moins de 10 sec, Yoshihide Kiryu, actuel fer de lance du quatuor nippon, est à 21 ans déjà sous la menace du prodige (18 ans) Abdul Hakim Sani Brown, d'origine ghanéenne par son père. Reste que, au-delà de ce renouveau général, les records de Bolt (200m en 19 sec 30/100e et surtout 100m en 9 sec 58/100e) paraissent inaccessibles pour quelques années encore.