L'ultime acte du Président Bouteflika, deux jours avant qu'il présente sa démission, le 2 avril dernier, aura donc été la nomination du gouvernement Bedoui. Une équipe forte de 27 membres parmi lesquels figurent 6 de la toute dernière troupe menée par Ouyahia, donnant ainsi la nette impression à tout le monde que c'était un peu du «on prend les mêmes et on recommence» alors que l'heure était au dégagisme de tout ce qui incarne le système. Une équipe gouvernementale née à la Pyrrhus, tant Noureddine Bedoui éprouvait toutes les difficultés, pendant plus de trois semaines, pour trouver les hommes et les femmes qui convenaient et, surtout, qui étaient prêts à s'accommoder à la situation peu habituelle dans laquelle s'est retrouvé fourré le pouvoir face au peuple. Au final, et malgré toutes les fins de non-recevoir qu'il a essuyées de la part de ces ardemment souhaitées compétences nationales, l'ex-ministre de l'Intérieur promu chef de l'exécutif a pu constituer une équipe qui, comme attendu, n'a pas reçu l'agrément des Algériens qui, eux, exigeaient et exigent toujours le départ de tous ceux qui incarnent ou ont un lien avec le système. Un gouvernement rejeté à commencer par son éminence grise, Noureddine Bedoui n'ayant pas bonne presse chez les Algériens depuis bien avant que ces derniers se mettent à sortir dans les rues partout à travers le pays, et puis des ministres, dont il serait inutile de citer les noms, que l'opinion publique ne porte pas dans son cœur depuis le temps qu'ils fréquentent l'exécutif. Une équipe, comme qui dirait, de fortune avec laquelle Noureddine Bedoui doit composer en principe jusqu'à la tenue de cette fameuse élection présidentielle à laquelle tiennent ceux qui restent comme éléments du système à l'origine de la crise, comme les qualifient les Algériens. Ceci, si le chef de l'Etat par intérim ne décide pas d'ici là de jeter l'éponge ou (qui sait ?) la survenance de tout nouvel élément à même de donner un tout autre cours aux événements. Noureddine Bedoui et son gouvernement, en dehors de cette élection présidentielle dont l'organisation leur incombe, se devaient donc comme tous les Algériens l'avaient compris s'occuper exclusivement de la gestion et l'expédition des affaires courantes et pallier ainsi la vacance du pouvoir exécutif jusqu'à l'élection d'un nouveau président de la République. Gérer les affaires courantes, finalement beaucoup plus facile à dire qu'à faire au regard de la tournure prise par les sorties ministérielles, désormais pas très évidentes, les membres du gouvernement Bedoui n'en finissant pas d'être considérés personae non gratae partout où ils s'aventurent. Un gouvernement «occasionnel» qui, de fait, ne peut engager l'Etat et ses institutions sur aucun dossier pouvant aller au-delà de la durée de l'intérim et du chef de l'Etat et, donc, de l'équipe gouvernementale dont il a hérité. Mais, deux faits majeurs de l'actualité, juste avant le début du week-end, sont venus contredire cette idée selon laquelle le gouvernement sera chargé de gérer les affaires courantes. En effet, on peut les qualifier de tout ce que l'on veut, mais classer au rayon des affaires courantes l'engagement d'un débat sur un sujet aussi sensible que la révision du système de retraite, ou encore entamer la réflexion pour la réintroduction de la mesure autorisant l'importation des véhicules d'occasion de moins de trois ans, cela ne peut être considéré comme de banales affaires courantes. Et puis lorsqu'il est souligné à travers un des porte-voix des pouvoirs publics comme l'est le quotidien El Moudjahid que le gouvernement est à « la quête de mettre hors d'état de nuire tous ceux et toutes celles qui entravent l'aboutissement du processus légal, passant nécessairement par la tenue d'une présidentielle », il y a de quoi s'interroger sur le sens que l'on donne à «gestion des affaires courantes» aussi bien chez Noureddine Bedoui, que chez les institutions et tout ce qui fait l'Etat. M. Azedine