Le gouvernement de Noureddine Bedoui est partout rejeté. Des ministres sont empêchés de sortir sur le terrain tous les jours. L'Exécutif est devant une impasse. Un prélude à sa démission ? Depuis quelques jours, des ministres du gouvernement tentent des sorties sur le terrain. C'est raté. Chaque jour, un membre du gouvernement se voit dans l'obligation d'annuler une visite programmée dans une wilaya. Les citoyens, informés à l'avance de ces déplacements, protestent et obligent ainsi les représentants du pouvoir à rentrer chez eux. Hier encore, pas moins de trois visites ont été annulées à cause de ces manifestations citoyennes. Meriem Merdaci, ministre de la Culture, a été chahutée hier lors de sa sortie à Tipasa et a dû annuler sa sortie à Guelma, tandis que son collègue du Tourisme n'a pu se rendre à M'sila. La veille, trois ministres du nouveau gouvernement, dont l'emblématique ministre de l'Intérieur, ont essuyé la colère des Algériens. Le refus exprimé dans les slogans portés par des manifestants s'est ainsi concrétisé sur le terrain. Et il semble que cela ne va pas s'arrêter. À chaque tentative de sortie sur le terrain, des manifestants s'interposent, empêchant ainsi la traduction sur le terrain de cette décision politique, prise par Abdelaziz Bouteflika avant de démissionner le 2 avril dernier, de nommer un nouvel Exécutif. En plus des manifestations citoyennes qui empêchent les membres du gouvernement de sortir sur le terrain, la décision envoyée par le ministre de l'Intérieur aux collectivités locales, visant à organiser les élections présidentielles projetées pour le 4 juillet prochain, est rejetée par au moins une partie des présidents d'APC, des élus et fonctionnaires des communes du pays. Même des secrétaires généraux d'APC — nommés par l'administration — ont annoncé leur refus de ne pas organiser le scrutin du 4 juillet, rendant ainsi caduque toute décision émanant de ce département. Ces sorties ratées des ministres du gouvernement Bedoui imposent des interrogations sur les réelles intentions du pouvoir. Installée pour "gérer les affaires courantes", cette équipe, logée au Sheraton d'Alger, faute de logements attribués par la présidence de la République —sans doute à cause du caractère temporaire de sa mission — semble vouloir tester la patience des Algériens qui réclament, chaque vendredi, la démission de Noureddine Bedoui et d'Abdelkader Bensalah. L'exercice est raté, puisque le rejet est devenu une pratique active et effective sur le terrain. Face à ce refus systématique de la rue et des élus, le gouvernement de Noureddine Bedoui n'a pas trop de choix. Mise entre deux feux, celui de la résistance populaire et celui du pouvoir politico-militaire, l'équipe gouvernementale a deux issues. Ou elle reste confinée dans les bureaux des ministères en attendant des jours meilleurs. Ou elle rend son tablier à un chef de l'Etat qui est lui-même fortement contesté par les Algériens. Ce dernier scénario posera un vrai souci au pouvoir : l'application de la Constitution comme seule sortie de la crise actuelle est quasiment impossible. D'où la nécessité de rechercher des solutions politiques. Ali Boukhlef