Mardi 14 mai, comme tous les mardis depuis le 22 février, les étudiants de l'Université M'hamed-Bougarra de Boumerdès (UMBB) sont sortis pour renouveler publiquement leurs exigences politiques, le rejet des élections du 4 juillet, l'instauration d'un Etat civil , le départ de toutes les figures de l'ancien régime et le jugement des membres de la issaba ( la bande). «Ya Saïd makache Europa, takoul essoupa fel Harrach ! (Saïd ! Il n'y aura pas de fuite en Europe, tu mangeras la soupe à El-Harrach)», ont chanté les manifestants. Le même refrain a été repris contre l'ancien patron du DRS, le général de corps d'armée Mohamed Mediene dit Toufik. Les manifestants venant du campus sud, ex-INIM, et ceux du campus nord, ex-INH, ont fait jonction au pied des escaliers du siège de la cour de Boumerdès devenue, au fil des manifestations, «la Grande-Poste » de la wilaya de Boumerdès. Après avoir chanté Kassaman, les manifestants ont passé en revue tous les slogans contre le système, Gaïd Salah et les 2 B ( Bensalah et Bedoui ). «Ithasbou gaâ !» (tous doivent rendre des comptes). Ils rejettent, par ailleurs, les élections du 4 juillet. Ils reviennent à la charge contre la bande notamment l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia dont ils demandent la tête. « Courage juge, envois Ouyahia à El-Harrach !» Ils n'oublient pas de rappeler le premier objectif de la révolution du 22 février «Oui à un Etat civil et non à un Etat militaire !» Pleins de détermination et d'optimisme, les marcheurs ont longtemps scandé «Etalez les drapeaux l'Algérie est libérée !» Ce mardi, on avait l'impression que les filles étaient plus nombreuses que les garçons. «C'est parce qu'un grand nombre d'étudiants sont partis manifester à Alger», nous explique Yacine Ferrani, enseignant et l'un des 11 coordinateurs des enseignants qui activent dans le cadre de ce mouvement du 22 février. Selon lui, les facultés de l'UMBB sont en ébullition. Un travail d'explication, de sensibilisation et d'organisation se fait à l'intérieur de l'université. A ce propos, à la fin de la marche, les étudiants ont été conviés à une conférence qu'animeront des professeurs spécialisés dans le domaine du droit constitutionnel et les problèmes juridiques. Elle portera sur : le Hirak entre la sortie constitutionnelle et les solutions politiques. Pour une jeune gilet jaune – organisatrice — les marches des mardis ne sont que l'un des aspects du travail politique. Le vrai travail de sensibilisation, d'organisation et les débats se déroulent à l'intérieur de l'université « pour participer, à l'instar de toute la communauté estudiantine du pays, à dégager une perspective de sortie de crise à notre pays». Abachi L.