Parler encore de ces millions d'Algériens qui noircissent inlassablement les rues du pays, appellent au changement radical et affirment qu'ils ne lâcheront pas l'affaire, y compris durant les longues et chaudes journées de Ramadhan. Voilà près de trois mois que les intentions grandissent et les convictions se renforcent. Dans leur grande majorité, les marcheurs ont fini par atteindre la même longueur d'onde. Fermement déterminés à guérir le pays de la gabegie dont il fait impunément les frais depuis des lustres. On a beau assurer que les marches sont pacifiques et les marcheurs peu disposés à faire montre de violence, ceux qui siègent à la «Casa d'El Mouradia», on ne sait pas qui ils sont, le chef d'état-major n'étant pas seul à décider, n'y croient pas une seule seconde. Pourquoi le terme «silmiya» ne convainc-t-il pas les hauts responsables encore en poste ? Qu'a-t-on à se reprocher dans les hautes sphères pour refuser de prendre en compte les propositions de la rue ? Il faut croire que l'on est tellement habitué aux traîtrises des uns et des autres que l'on préfère s'en tenir à ce que l'on maîtrise le mieux, autrement dit, l'usage de la force. Difficile de faire l'impasse sur les impressionnants renforts de police et les milliers de policiers en charge d'empêcher les manifestations de faire tache d'huile et, à défaut, de réprimer. Impressionnants les véhicules de police stationnés aux abords des lieux privilégiés par les marcheurs. Il y en avait tellement plus vendredi dernier que je me demande d'où ils les sortent et où ils les rangent une fois leur mission accomplie. Des gaz lacrymogènes pour libérer la rue et faire place nette, c'est un peu la honte. On les a tirés sur des marcheurs jeûneurs en se disant que, puisque ces derniers s'entêtent à battre le pavé en plein Ramadhan, ils devraient donc supporter, sans trop se plaindre, les gaz incommodants avant de déserter les lieux. Il fait chaud et il faut du courage. Il en faut même beaucoup pour sillonner les rues et défier la détermination. C'est que, quand on ne veut pas formater son disque dur, on n'a pas le temps de décoder ou de saisir le contenu du message. M. B.