Il aura suffi qu'un jeune homme brandisse le drapeau amazigh, ce vendredi lors de la 18e marche populaire pacifique pour qu'il se voit immédiatement entouré de policiers en civil qui lui retireront l'emblème et finiront par le relâcher face à la tension que leur geste a créée. A Oran, la foule s'attendait à ce qu'il y ait de telles mesures puisque dans son discours le chef d'état-major avait été direct en déclarant qu'à part le drapeau algérien aucun autre drapeau ne sera toléré. Amel Bentolba –Oran- (le soir) Cette première «saisie» n'était que le début d'une longue série de tentatives de confiscation du drapeau amazigh. Au niveau de la place d'Armes, l'on a assisté à un véritable «défilé» de tenues kabyles portées par des femmes et des fillettes avec toujours une touche du drapeau algérien. Des supporters de foot ont choisi eux d'exhiber l'emblème du MCO au côté du drapeau amazigh, un autre choisira de porter le drapeau palestinien. Sans oublier des slogans chantés non-stop « Algérie libre démocratique» ; «Etat civil pas militaire» ; «Amazigh et Arabe khawa khawa (frères). Soudain, un autre jeune homme portant le drapeau amazigh est entouré par des policiers qui le somment de le leur remettre. Aussitôt, la foule qui était plus nombreuse que ces policiers s'est ruée sur eux en criant «pouvoir assassin». La situation a failli dégénérer. Soudain, tous ceux qui avaient le drapeau amazigh et qui le cachaient en attendant le début de la marche l'ont sorti et ils étaient nombreux à faire ce geste hautement symbolique pour eux car disent-ils «Gaïd a pensé nous diviser, mais au contraire, il a réussi à nous mobiliser et à fédérer plus de défenseurs de la liberté. Il a provoqué l'effet inverse : encore plus de mobilisation et de détermination à en découdre avec la bande de corrompus». D'autres manifestants se sont alors constitués en cordon humain pour séparer les jeunes en colère et les quelques policiers en faction. Seul le départ de la marche pouvait contenir cette colère. C'est alors que les marcheurs ont donné le coup d'envoi à une marche où pour la première fois il y avait un plus grand nombre de porteurs du drapeau amazigh. «Je ne suis pas kabyle et je n'ai jamais porté l'emblème amazigh mais j'ai toujours considéré comme faisant partie de notre identité et de notre histoire et il est symbole des libertés. Je le porte aujourd'hui pour dire non à la division». Une autre citoyenne tout aussi en colère contre le dernier discours du chef de l'état-major exhibe une affiche «Y'en a marre, la coupe est pleine, le problème ce n'est pas le drapeau c'est vous, dégagez». A leur passage au niveau de la rue principale du centre-ville, la rue Larbi-Ben M'hidi, les manifestants étaient nombreux et s'exprimaient avec une force qui dévoilait leur colère et leur volonté à briser ce qu'ils qualifient de tentative de répression des libertés. Les policiers, eux, du moins ceux en tenue officielle n'ont pas quitté leur positionnement au niveau de la place d'Armes pour suivre les marcheurs et saisir les drapeaux autre que l'emblème national. C'est ainsi que tout au long de la marche le drapeau amazigh a flotté non-stop sous des slogans de fraternité et d'union entre Arabes et Amazighs. Un message clair a été adressé hier à Gaïd Salah où les manifestants lui demandaient d'arrêter de jouer. Le pouvoir appartient au peuple. A. B.