Petit Sory, Cherif Souleyman, Papa Camara, Abdoulaye Sylla et Djibril Diarra, Hafia ou Horoya de Conakry peu s'en souviennent. Il faut, en effet, remonter aux années 60, fouiner dans les archives, chercher chez M. Google sinon discuter avant quelques anciennes gloires du football national pour avoir des bribes sur la vie de ses grandes légendes qui ont écrit les plus belles histoires du football de la Guinée. L'histoire est un perpétuel recommencement ! Dans toute bonne chose de la vie. Et celle écrite par les footballeurs de ce petit pays de l'Afrique de l'Ouest mérite qu'on s'en rappelle à défaut de s'attarder sur les exploits de ces génies qui avaient titillé le sommet du football africain et, chemin faisant, mondial. Certes, la Guinée n'a jamais fait de Coupe du monde encore moins remportée un tournoi final de la CAN même en l'organisant (défaite face au Maroc en 1976). Mais le Sily National, les clubs guinéens, avaient le respect de tous. N'est-ce pas le Hafia Conakry qui a trois Coupes d'Afrique des clubs (1972,1975 et 1977) et a perdu deux autres (1976 et 1978) dont la première face à la glorieuse équipe du Mouloudia club d'Alger des 7 B (Bendi, Bachta, Benchikh, Bachi, Bousri, Bellemou et Betrouni) et des regrettés Aït Hamouda et Draoui ? Une génération dorée qui a enfanté d'autres générations, moins brillantes certes mais assez respectées tant la qualité des joueurs qui les composaient n'avait rien à envier au Ballon d'Or africain en 1972, Chérif Souleyman, et celui en bronze (lors de la même année) Ibrahima Sory Keita dit Petit Sory. Le plus doué de ces derniers est sans aucun doute Pascal Feindounou qui, en juin 2007 au stade du 5-Juillet, a privé l'Algérie de prendre part à la CAN-2008 jouée au Ghana, deux années après que les Verts eurent manqué le rendez-vous égyptien (2006). Une vraie bête noire que cette sélection de la Guinée qui, depuis 1968 et cette première double confrontation comptant pour les qualifications aux JO de Mexico, a constitué un vrai obstacle pour les Verts d'Algérie. Ceux emmenés par feu Hassan Lalmas, feu Hadefi et feu Khedis mais également leurs héritiers de la fin des années 90. Autres temps, autres rivalités. Et probablement la fin de l'hégémonie guinéenne dans ces duels l'opposant aux clubs et sélections d'Algérie. Il faut forcément y croire lorsque, dimanche soir, les troupes de Djamel Belmadi croiseront le fer avec celles du Belge Paul Put. Une autre vieille connaissance, celui-là ! L'entraîneur du Sily National qui a travaillé en Algérie (USM Alger) était également aux ordres de la barre technique des Etalons qui affrontaient en 2013 l'Algérie en match de barrages du Mondial-2014 quelques mois après avoir emmené le Burkina Faso en finale de la CAN-2013 en Afrique du Sud (perdue face au Nigeria) pendant laquelle Halilhodzic et son équipe ont périclité dès le premier tour. C'est dire si «blondinet» est un vrai sorcier en Afrique. Belmadi-Put, le duel ! Paul Put dont l'équipe, celle du Burkina Faso, a émerveillé le continent de par son football léché développé par les Pitroipa, Dagano et les frères Traoré. C'est cette équipe là qui a mis fin à 18 matchs sans victoire en phase finale de la CAN en battant l'Ethiopie (4-0) puis en écartant le Ghana, en demi-finale. Il s'en est fallu de peu pour que les Burkinabés accèdent pour la première fois dans leur histoire en phase finale d'un Mondial. Une tête rageuse de Magic Bougherra privera les Etalons d'une participation à Brasil-2014. Un exploit jamais renouvelé dès lors que Paul Put a fini par être remercié et remplacé par Gernot Rohr, l'actuel sélectionneur des Super Eagles du Nigeria. Put, lui, poursuivait son parcours en dirigeant des clubs mais des sélections dont le Kenya, premier adversaire des Verts durant la présente CAN. Une courte expérience (deux mois) qui lui a toutefois valu un titre (coupe de la Cecafa). C'est en mars de l'année qu'il acceptera de diriger le Sily National qui enchaînera depuis les bons résultats : après une défaite, en amical, face à la Mauritanie fin mars 2018, la Guinée n'a plus perdu en compétition officielle jusqu'à cette confrontation face au Nigeria, en phase de groupe de cette 32e CAN où la Guinée rêve d'atteindre le quart de finale pour la sixième fois (1976, 2004, 2006, 2008 et 2015). Un parcours que lui envierait Djamel Belmadi qui, depuis sa prise de fonctions en août 2018, a enchaîné dix rencontres (6 victoires, 1 défaite et 3 nuls). Moins expérimenté certes que le blond Belge, Belmadi affiche sa détermination d'aller conquérir une nouvelle étoile en terre des Pharaons. Contrairement au Belge qui disait à l'issue des trois journées du premier tour que son équipe a atteint son objectif et qu'il est en Egypte pour «construire une équipe», l'entraîneur algérien ambitionne tout simplement le sacre lors de cette Coupe d'Afrique. Un optimisme qu'il a encore affiné lors de ce tournoi où il a présenté deux équipes, non pas une. C'est cette profusion de solutions qui pourrait faire la différence dimanche. Alors que Belmadi comptera sur l'ensemble de son effectif, Brahimi y compris, Put devrait à nouveau composer sans son maître à jouer, Naby Keita, reparti à Liverpool poursuivre sa rééducation (adducteurs) interrompue à la veille de cette CAN. Put ne semble s'en inquiéter outre mesure, lui qui privilégie le collectif et qui a d'autres belles cartes à mettre sur la table à l'exemple de Sory Kaba (Dijon), François Kamano (Bordeaux) ou encore le capitaine Ibrahima Traoré (Borussia Mönchengladbach). L'Algérie de Belmadi est avertie ! M. B.