Malgré toutes les mesures restrictives, les provocations, les tentatives de diversion et le discours menaçant, les Algériens sont restés fidèles à leur marche de vendredi, constants dans leurs positions contre le système politique et leur rejet de tout dialogue ou élection avec les symboles du système. Ils l'ont rappelé une nouvelle fois de la manière la plus forte qui soit. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Inébranlables, les Algériens sont sortis massivement, hier, à l'occasion du 21 e vendredi de mobilisation nationale contre le système politique. Déclenchée le 22 février, la contestation est toujours aussi forte que la détermination sans faille des Algériens à en finir une bonne fois pour toutes avec le système. Dans une atmosphère tendue, précédée par le discours menaçant du chef d'état-major, ils ont répondu par une mobilisation massive, avec les mêmes revendications. Des vagues humaines se sont déversées sur le centre d'Alger, quadrillé par un impressionnant dispositif sécuritaire. Le slogan « Pour un Etat civil et non militaire » n'a jamais été lancé avec une telle intensité. Les marches du 21e vendredi sont intervenues au lendemain du discours au vitriol du chef d'état-major de l'armée où il s'est attaqué à ceux qui scandent le slogan « Etat civil et non militaire », aux porteurs du drapeau amazigh incarcérés et ceux qui les défendent en affirmant qu'ils sont des détenus d'opinion mais aussi au moudjahid Lakhdar Bouregaâ dont la libération est exigée de manière unanime par les manifestants, les avocats, les partis politiques et les militants. Les manifestants ont ciblé, durant toute la manifestation, Gaïd Salah, dont plusieurs slogans lui ont été consacrés. Réitérant l'unité des Algériens face aux tentatives de division, ils ont tenu à réaffirmer le rejet de tout dialogue et de toute élection avec les restes du système. Ils considèrent que depuis le 9 juillet, date de l'expiration des 90 jours que lui accorde la Constitution pour organiser une élection présidentielle, le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, n'a aucune légitimité pour rester en poste. « C'est un indu occupant du poste », soutiennent des manifestants. « Vide constitutionnel, pouvoir au peuple », ont-il clamé, exigeant l'application de l'article 7. Les manifestants ont également demandé la libération des détenus politiques, à leur tête le moudjahid Lakhdar Bouregaâ ainsi que tous les détenus porteurs du drapeau amazigh. Les manifestants n'ont pas manqué de rappeler que c'est grâce à la révolution que Bouteflika a été éjecté, insistant sur la poursuite de la mobilisation jusqu'au départ de tout le système. K. A.