L'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) fait sa propre révolution dans le sillage du mouvement populaire du 22 février. Parmi les organisations de masse utilisées jadis par le pouvoir, elle a changé carrément sa ligne directrice, rompant ainsi avec ses anciennes habitudes qui consistaient à se ranger automatiquement derrière toutes les décisions des décideurs. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Dans un nouveau communiqué, rendu public hier lundi, l'Organisation demande la réactivation du projet de loi criminalisant le colonialisme français en Algérie ; un projet proposé depuis plusieurs années par quelques députés mais bloqué par le gouvernement issu du FLN et du RND sur instruction de l'ex-Président, Abdelaziz Bouteflika. Selon l'ancien président de l'APN, Abdelaziz Ziari, Bouteflika s'était fermement opposé à ce projet. En effet, le secrétaire général par intérim de l'ONM, Mohand Ouamar Ben Lhadj, a appelé le nouveau président de l'APN, Slimane Chenine, à rouvrir ce dossier qui avait, rappelons-le, provoqué une forte tension dans les relations entre l'Algérie et la France. « L'Organisation nationale des oudjahidine demande au président de l'Assemblée populaire nationale, Slimane Chenine, de rouvrir ce dossier épineux afin de faire face à la loi glorifiant la colonisation adoptée par le Parlement français, le 23 février 2005, à travers une loi réciproque de l'APN qui démontre comment le colonialisme français a massacré le peuple algérien du 5 juillet 1830 au 19 mars 1962 », écrit l'ONM dans son communiqué. Ainsi, cette organisation veut criminaliser, à travers une loi claire, la colonisation française et ses pratiques, depuis la chute d'Alger entre les mains des Français le 5 juillet 1830 (le débarquement français s'est fait le 14 juin 1830, rappelons-le) et le 19 mars 1962, date de l'entrée en vigueur des Accords d'Evian signés le 18 mars entre le GPRA, représenté par Krim Belkacem (qui sera assassiné en Allemagne en 1970 par le régime de Boumediène) et les autorités françaises. Le nouveau président de l'APN, qui appartient à un parti islamiste microscopique ayant bénéficié du soutien des partis de la majorité des députés va-t-il accéder à cette demande ? Le projet de loi pourra-t-il être relancé après l'éjection et l'incarcération de ceux qui l'ont bloqué même si le FLN et le RND dominent toujours l'Assemblée ? Le secrétaire général de l'ONM a insisté sur la relance de ce projet en rappelant les atrocités que la France avait commises en Algérie entre 1830 et 1962. Il demande une réparation non seulement pour les biens matériels, mais aussi pour les victimes humaines de la colonisation. Rappelons, enfin, que l'ONM avait déjà appelé à la libération du moudjahid Lakhdar Bouregaâ et de tous les détenus d'opinion et des jeunes incarcérés pour port du drapeau amazigh K. A.