La visite en Algérie de Jean-Louis Debré, président de l'Assemblée nationale française et parmi les principaux artisans de la loi du 23 février 2005, qui glorifie le colonialisme français en Afrique du Nord, n'a suscité aucune réaction de la famille révolutionnaire. Ni l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) ni celles des enfants de chouhada (ONEC et CNEC), encore moins la puissante fédération des anciens condamnés à mort, n'ont jugé utile de commenter la visite. Si les téléphones portables des responsables des organisations citées étaient éteints durant la journée d'hier, il ne faut pas omettre le fait qu'aucun communiqué traitant le sujet n'a été rendu public. Seuls quelques députés ont déclaré avoir pris l'initiative de boycotter toute rencontre avec l'hôte de Amar Saâdani. Parmi eux, Lakhdar Benkhellaf, député d'El Islah, qui souligne que son engagement ne concerne que sa personne. « Le peuple algérien n'oubliera jamais le génocide commis par l'armée française en Algérie de 1830 à 1962. Il est d'autant plus outré depuis la promulgation de la loi 23 février 2005 qui a été défendue bec et ongles par M. Debré », estime le député. Et d'ajouter : « Afficher son mécontentement à propos de cette visite est le minimum à faire. » Pour rappel, le Parlement algérien devait réunir en juin 2005 les membres de ses deux chambres. Le but était d'adopter, avant le 2 juillet de la même année (date de la clôture de la session de printemps), une résolution dans laquelle il devait répondre au Parlement français. Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Amar Saâdani, avait déclaré à l'époque qu'il était en phase de concertation avec le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah. La résolution n'a jamais vu le jour. Presque en même temps, l'ONM, présidée par Mohamed Cherif Abbas (RND), avait également rejeté cette loi « dans l'ensemble et dans le détail ». Il faut rappeler que l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) avait appelé, à la même date, dans un communiqué, « toutes les institutions constitutionnelles, les partis politiques, les organisations, les unions, les associations et la société civile » à lire attentivement le texte de la loi française du 23 février 2005 et « à prendre la position adéquate pour protéger les sentiments (du) peuple et pour rester fidèle aux âmes de nos martyrs et aux sacrifices de nos moudjahidine ».