La France sera interpellée officiellement par voie parlementaire sur les crimes commis en Algérie. En sus, le projet de loi déposé par le FLN au niveau de la première chambre du Parlement, appelé «liste noire du colonialisme en Algérie», sera examiné pendant la session du printemps. Et ce projet de loi stipule la création de tribunaux spéciaux pour juger les auteurs de crimes coloniaux en Algérie (1830-1962). Le projet de loi proposé par le FLN pour criminaliser le colonialisme français, appelé aussi «liste noire du colonialisme», est «une bonne initiative», selon le Front national algérien (FNA). Selon son porte-parole, Mohamed Tine, le FNA veut aller plus loin dans cette affaire de colonialisme, puisque, selon lui, «il ne faut pas demander seulement à la France la réparation matérielle mais aussi morale, car le colonialisme français en Algérie a été des plus atroces, vu qu'il a fait aliéner le peuple algérien tout en le privant des richesses de son pays». M. Tine ajoute qu'il y a lieu de demander aux responsables français de «laver ce double affront envers le peuple algérien». Par ailleurs, notre interlocuteur s'est révolté contre le fait qu'aujourd'hui des fils de colons reviennent en Algérie pour se réapproprier les villas ou les fermes de leurs parents, et ce, malheureusement avec le consentement de la justice algérienne. Le porte-parole du FNA précise qu'aujourd'hui, «on se réfère malheureusement aux accords d'Evian, qui ont été signés dans des conditions spécifiques et où les Algériens sous la pression du colonialisme ne pouvaient pas négocier convenablement». Pour le FNA, «il faut plutôt se référer aux accords de mars 1963 qui mettent à la disposition des Algériens tous les biens laissés par les colons et sans exception». Des tribunaux spéciaux pour juger les crimes coloniaux Pour sa part, le MSP adhère pleinement à la proposition du FLN. M. Djemaa, chargé de la communication au sein de ce parti, a affirmé que «le MSP rejoint pleinement ce projet, tout en s'appuyant sur quatre revendications essentielles que sont la reconnaissance officielle par la France de ses crimes de guerre en Algérie, ainsi que la réparation matérielle et morale de ces crimes de guerre par la voie officielle». A priori, il y a lieu de signaler que le projet de loi en question a été déposé au niveau de la première chambre du parlement. Cette proposition de loi a été signée par 125 députés de différents partis, notamment le FLN, le Rassemblement national démocratique (RND), le Mouvement pour la société de la paix (MSP) et El Islah, a indiqué Moussa Abdi, député FLN, et sera proposé au vote par les deux chambres pendant la prochaine session. A cette idée, le premier ministre Ahmed Ouyahia a réagi en déclarant ceci : «Nous envisageons de créer ces tribunaux spéciaux pour juger les responsables de crimes coloniaux ou de les poursuivre devant les tribunaux internationaux.» Paris regrette la proposition Rappelons par ailleurs qu'au cours de sa visite en Algérie en décembre 2007 le président de la République française avait fustigé le colonialisme, le qualifiant d'être «injuste par nature». Mais Nicolas Sarkozy rejette toute repentance qui s'interpréterait selon lui à une forme de «haine de soi» et de «dénigrement» de la France. Alors que la tension entre Paris et Alger a dominé les débats à l'Assemblée nationale française hier matin, le ministre français de l'Immigration Eric Besson a «regretté» mardi la proposition. Le ministre a rappelé qu'il s'agissait d'un «sujet sensible» alors qu'il reste «encore des cicatrices». «Il ne faut pas oublier la colonisation et la post-colonisation» mais il faut «dépasser» cette question, a-t-il ajouté.