Les étudiants maintiennent la formidable dynamique qui s'est emparée de la société algérienne depuis le 22 février, contre le projet du cinquième mandat, d'abord, puis contre tout le système politique. Ils ont sillonné, hier, et pour le 21e mardi consécutif, les rues d'Alger, affirmant que la lutte sera poursuivie jusqu'au départ du système et ses figures. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Sous un soleil de plomb, les étudiants ont tenu à maintenir le cap. C'est au rythme du slogan «Le peuple veut l'indépendance» apparu le vendredi 5 juillet, à l'occasion du 20e vendredi de la mobilisation populaire qui avait coïncidé avec la fête de l'Indépendance, que les manifestants ont parcouru les principales rues de la capitale. La procession humaine s'est ébranlée à 10h 30 à partir de la place des Martyrs, sous l'œil vigilant des services de sécurité qui n'ont pas entravé, cette fois, la manifestation. Ils ont emprunté l'itinéraire habituel, à savoir place des Martyrs - square Port-Saïd - rue Larbi-Ben-M'hidi - avenue Pasteur - boulevard Amirouche - place Audin - la Grande-Poste. Le dispositif sécuritaire important déployé notamment à la Grande-Poste n'est pas intervenu pour stopper les étudiants ni pour les pourchasser dans les rues de la capitale, comme ce fut le cas mardi passé. C'est une marche calme durant laquelle les étudiants ont réitéré les slogans populaires. Stigmatisant le chef d'état-major de l'armée, ils ont appelé à l'instauration d'un Etat civil et non militaire et d'une république démocratique. Ils ont appelé à la formation d'un gouvernement de consensus, rejetant tout processus électoral tant que les symboles du régime demeurent en place. Le départ de Bensalah et de Bedoui est, pour eux, la première condition pour envisager une sortie de crise. Les manifestants ont exigé l'application de l'article 7 de la Constitution, en lançant «Article 7, pouvoir au peuple», contestant, ainsi, la prolongation du mandat de Bensalah à la tête de l'Etat après l'expiration des 90 jours que lui accorde la Constitution. Les étudiants, qui ont affiché leur détermination à poursuivre le mouvement jusqu'à l'aboutissement des revendications populaires, ont également appelé à respecter la liberté de la presse, dénonçant le black-out médiatique qui frappe les manifestations et surtout la désinformation et la déformation des revendications par les chaînes de télévision publiques et privées. Ils ont réclamé la transmission du flambeau à la jeunesse. Plaidant, à travers pancartes et slogans, pour une justice indépendante, les étudiants ont réclamé la libération des détenus d'opinion, citant le moudjahid Lakhdar Bouregaâ, ainsi que les détenus de l'identité, incarcérés pour avoir brandi le drapeau amazigh. Un vieux, qui a participé à la marche, était en colère en constatant l'absence du drapeau amazigh. Et il l'a fait savoir aux étudiants à qui il le reproche et aux policiers déployés sur l'itinéraire de la manifestation. Un manifestant tente de le calmer, lui expliquant que les étudiants ont préféré ne pas ramener le drapeau identitaire afin de préserver le caractère pacifique de la marche. «Si on le brandit, on est officiellement arrêtés et la marche sera perturbée par la police. On ne veut pas répondre à cette provocation ni participer à créer la diversion qu'ils cherchent. Les slogans défendant notre identité sont lancés partout. Tout le monde scande des slogans contre le régionalisme et le racisme», lui explique le manifestant. Mais le vieux semble regretter toujours l'absence du drapeau. «Il est dans nos cœurs et ils ne peuvent pas l'arracher», lui répond le manifestant. K. A.