Dans une déclaration surprenante, l'entraîneur du Nigeria a dit qu'il préférait une élimination en demi-finale à une défaite en finale ! Quand on est demi-finaliste et qu'on s'arrête d'avancer, on reste dans les rangs et on digère plus facilement l'élimination. Mais parvenir en finale et ne pas goûter aux joies du sacre est très frustrant et reste dans les esprits comme une grande défaite, une vraie catastrophe pour les joueurs, les dirigeants et les supporters. Certains trouveront cependant que les mots de Gernot Rohr relèvent d'un esprit défaitiste qui tente de justifier une défaite par la peur d'en connaître une plus importante ! Toutes les défaites se ressemblent et il faut plutôt se dire que parvenir en seconde position du peloton est toujours mieux que d'être troisième. Disputer une finale est déjà un honneur, un immense honneur que ne connaîtront pas des dizaines d'autres sélections, parties trop tôt ou éliminées en terre égyptienne. Mais nous n'en sommes pas là et cela concerne plutôt le Onze nigérian et son entraîneur. Pour les Verts, que nous allons supporter comme jamais nous ne l'avons fait auparavant - et pourtant, de cette équipe technique des années 60 formée par Lucien Leduc avec l'ossature du grand CRB et que nous avions découverte au stade Vélodrome d'Annaba jusqu'au Onze de Belmadi, ce fut toujours le même amour, la même flamme et le même dévouement -; pour les Verts donc, le chemin de la victoire est tout tracé pour peu que l'on tienne compte des particularités de cette rencontre périlleuse à plus d'un titre. Si l'on aborde le match avec l'esprit d'un gagnant sûr de lui, en se disant que l'on s'est déjà offert ces Lions lors du match de poules, on risque de connaître la désillusion car l'adversaire va redoubler de férocité justement parce qu'il a une revanche à prendre ! Ensuite, et parce qu'il a connu la défaite, il va essayer de comprendre pourquoi il a perdu, analyser les séquences une à une, étudier les forces et les faiblesses des Verts, etc. Enfin, sa qualification en finale, après le doute, puis un parcours exemplaire, sera un plus psychologique indéniable qui lui fait oublier déjà la petite défaite contre l'Algérie. Redescendre sur terre et oublier cette euphorique fin de partie des demi-finales, oublier l'étincelle d'un Mahrez génial, tout oublier et repartir à zéro : voilà qui serait fort utile pour les Verts qui doivent revenir à leur état d'esprit d'avant le premier match contre le Sénégal lorsqu'ils se disaient - et nous avec !- que nous allions rencontrer la meilleure équipe d'Afrique ! Et ce que nous ne devons pas oublier est que les Lions de la Terranga disposent toujours de leur pièce maîtresse offensive qui peut changer le cours d'un match. Leader aux qualités techniques indéniables, Sadio Mané doit être surveillé de près par nos défenseurs. Ce qui a réussi aux Verts jusqu'à présent tient à cette tactique courageuse qui essaye d'étouffer l'adversaire assez haut et de l'empêcher de jouer selon sa méthode habituelle. Face à une équipe très technique et qui bouge beaucoup, ce sera plus difficile mais nous comptons sur l'excellent milieu pour contenir la furia sénégalaise et jouer à la relance rapide comme nous l'avons vu souvent. En principe, les Verts se sont bien reposés et disposeront de toutes leurs forces physiques pour continuer à pratiquer ce football total où l'engagement de tous garantit une occupation pleine et intelligente de tous les espaces. Concernant la composition de l'équipe, Belmadi nous a habitués à reconduire les mêmes, sauf lorsqu'il s'est permis le luxe de lancer dans le bain un second team de remplaçants qui a étonné les observateurs par la qualité de son jeu et sa force technique et tactique. Cela rassure de savoir qu'on dispose de doublures compétentes qui n'ont rien à envier aux titulaires et comme une finale est une dure épreuve qui peut aller au-delà des 90 minutes, on aura toujours besoin de ces remplaçants ! La défense va avoir fort à faire et ce qui lui est demandé en priorité est de tout faire pour ne pas encaisser de but dès le début de la partie. Encore une fois, jouer au malin dans les dix-huit mètres ou tenter des dribbles inutiles et dangereux près de la surface de réparation peut nous coûter cher. Dans les situations dangereuses, une seule solution : dégager au plus vite et le plus loin possible ! Enfin, rien à dire sur la ligne d'attaque qui doit encore jouer comme elle à l'habitude de le faire, en comptant sur la force et la vélocité de ses éléments et en essayant de faire mieux que la dernière fois, notamment en matière de précision. Ces tirs qui se perdent dans la nature sont une vraie calamité et la critique s'adresse principalement à Bounedjah dont, par ailleurs, nous devons saluer le rôle majeur qu'il joue - sans ballon - pour déstabiliser les défenses. Et, bien sûr, quand on a des éléments de génie, le but peut venir à tout moment d'une improvisation personnelle ! Comptez sur Belaïli, Bounedjah, Mahrez, Feghouli, Bennacer, Guedioura... et même sur une tête de Mandi ou Bensebaïni montant plus haut que tout le monde ! Que la victoire soit nôtre ! Que la joie de tous ces jeunes ne s'estompe pas ! Que les Verts aillent jusqu'au bout de la gloire ! M. F. [email protected]