Où va l'Algérie ? Soutenir les Verts de retour au pays ! De passage à proximité du pénitencier d'El-Harrach – de passage seulement, ne vous réjouissez pas trop vite mes nombreux « amis » — l'image a jailli dans ma tête pour ne plus me quitter, tout au long de cette journée que j'ai passée dans l'un des campus universitaires avoisinant la prison : celle des hauts responsables qui, s'ils sont à l'ombre aujourd'hui, ont été, des temps durant, sous les feux des projecteurs, stars d'entre les stars dans le cirque dézédien. Et une image plus particulièrement s'est calée dans mon ciboulot, n'en voulant plus sortir. Souvenez-vous les visites officielles à l'intérieur du pays, les inaugurations de projets ou suivis des travaux. Et ce micro tendu par des élus locaux, des commis de l'Etat régionaux de l'étape, des architectes ou encore des chefs de projets. Leurs mains tremblaient, mais elles tendaient malgré tout ce foutu micro pour s'entendre insulter dedans. Traiter de tous les noms d'oiseaux. D'incompétents. De fainéants. De ronds-de- cuir sans envergure. Et souvent même, face caméras, de rapaces et de voleurs. Sans jugement. Sans sentence de magistrats. Juste parce que le micro était tendu vers ces bouches oracles. Juste parce que le pouvoir du micro HF sévissait. Et pas que ! Y avait aussi cette fameuse pointeuse laser ! Celle avec laquelle un pauvre architecte, suant de la chemise, tentait d'expliquer à des rictus de bouledogues pourquoi le projet en question était en retard. Ah ! Cette pointeuse laser ! Combien de fois me suis-je dit « mais bon Dieu ! Retourne-la contre lui et fourre-la-lui dans l'œil jusqu'au trognon ! ». Bien sûr que le commis ou l'ingénieur ne pouvait pas le faire. Dans la dynastie de Abdekka, le règne du micro HF et de la pointeuse laser faisait office de tribunal, rythmait la vie des gens, signifiait leur survie ou leur mort disqualificatoire. Alors, aujourd'hui, à quelques encablures d'El-Harrach, je me suis surpris à rêver. Rêver que Ghoul, Ouyahia, Sellal, Hamel, et toutes ces anciennes stars du cirque dézédien étaient sortis de leurs cellules à des heures indues, placés de force devant un tableau ou une maquette, tremblant de la tête aux pieds et nous tendant à nous – enfin à nous — un micro HF dans lequel nous pourrions leur gueuler aux oreilles « Klitou leblad, ya serrakin ! ». Je sais que c'est trivial, voire un brin sadique et pas du tout droits-de-l ‘homme, mais une falaqa administrée sur le bout de leurs doigts avec la pointeuse laser, mumm ! Laissez-moi juste rêver ! Tout en fumant du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue. H. L.