Parmi toutes les initiatives lancées, il semble que le pouvoir ait tranché en faveur de celle du Forum civil pour le changement, composé de quelques dizaines d'associations, en vue de sortir de la crise que traverse le pays. En plus de l'accueil favorable affiché par la présidence de la République, à l'annonce du panel de médiation, des contacts informels sont établis entre les autorités officielles et les membres du Forum. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le président du Forum, Abderrahmane Arar, a confirmé l'existence de tels contacts, hier lundi, tout en affirmant que l'ancien chef de gouvernement, Mokdad Sifi, a donné son accord de principe pour figurer au sein du panel qui mènera la médiation pour le dialogue. «Il y a des canaux informels de contacts avec les autorités officielles qui ont commencé à prendre ce chemin », a-t-il affirmé, en réponse à notre question. Ces contacts informels sont-ils établis avec l'institution militaire ou plutôt avec la présidence ? «A tous les niveaux», a-t-il précisé, estimant que, désormais, «la balle est dans le camp des décideurs». «L'essentiel, c'est le mandat et l'installation du panel. Dès que les choses seront officielles, il y aura le contact officiel», a-t-il ajouté. Dans l'impossibilité de faire passer sa feuille de route qui consiste en l'organisation de l'élection présidentielle dans les plus brefs délais, principalement en raison de l'opposition massive et radicale des millions de manifestants de chaque vendredi, le pouvoir a, décidément, opté pour la démarche du Forum civil pour le changement qui plaide pour un dialogue autour de la présidentielle, conditionnée par certains préalables. Les deux démarches (celle du pouvoir et celle du Forum que préside Abderrahmane Arar, président du réseau NADA pour la défense des droits des enfants) se ressemblent en plusieurs points et évacuent toute transition du processus de règlement de la crise, contrairement aux initiatives des Dynamiques de la société civile et des Forces de l'alternative démocratique. La démarche du Forum est critiquée par certains acteurs politiques qui y voient «une inspiration du pouvoir» et même «une sous-traitance politique avec le pouvoir». Cependant, les personnes contactées par le Forum civil pour figurer dans le panel ont toutes posé certaines conditions à satisfaire avant l'entame de tout dialogue. Abderrahmane Arar a confirmé que l'ancien chef de gouvernement, Mokdad Sifi, a donné son accord de principe, tout en posant ses conditions. «Comme toutes les personnes contactées, il a posé les mêmes conditions visant à mettre en place un climat de confiance, à travers des mesures d'apaisement, pour la réussite du dialogue. Nous sommes d'accord pour ça. On ne peut pas aller vers un dialogue dans un climat délétère», a souligné notre interlocuteur, précisant que ces conditions, dont la libération des détenus d'opinion, sont des revendications populaires. Notre interlocuteur poursuivra : «Le dialogue est une nécessité. On a fait le déclic. Il y a de bonnes réactions, des critiques, des réponses officielles dans le bon sens, il y a d'autres listes qui circulent. La balle est dans le camp des décideurs. Ils doivent élargir au maximum les concertations au panel des personnalités qui fait le consensus.» Une donne à ne pas négliger, toutefois. Entre le plan du pouvoir et les initiatives des partis politiques et des organisations de la société civile, il y a les millions de manifestants qui jurent chaque vendredi de ne pas rentrer chez eux, tant que les objectifs de la Révolution ne sont pas atteints. K. A.